ONG, multinationales, cabinets d'avocats, laboratoires d'idées...de nombreux groupes se retrouvent dans la capitale politique des Vingt-Huit. A tel point que leur présence massive fait de Bruxelles le deuxième chef-lieu du lobbying au monde, derrière Washington.
L'activité des groupes d'intérêts est néanmoins encadrée: les lobbyistes doivent être enregistrés pour rencontrer des cadres de la Commission européenne et pour entrer dans le Parlement.
Liste détaillée des lobbyistes
"Ce registre est méticuleusement tenu par les fonctionnaires de la Commission européenne", assure Jean Russotto, avocat d'affaires à Bruxelles.
"Si vous allez sur le site de chacun des directeurs généraux ou des commissaires, vous verrez qu'il y a une liste des personnes qu'ils ont reçues, et à propos de quel thème", continue-t-il. "Je ne suis pas sûr qu'une telle transparence existe à Berne, dans des conditions similaires." Malgré cette obligation de transparence, il n'existe pas de sanctions pour les contrevenants. Aussi, de nombreuses rencontres informelles comme des dîners ou des séminaires échappent aux "radars" mis en place.
L'action des ONG paie
A Bruxelles plus qu'ailleurs, les institutions s'appuient sur l'expertise privée. Les lobbies participent à l'élaboration des lois, un processus normalisé, presque banal. Mais les représentants des secteurs économiques disent qu'ils perdent de l'influence au profit des ONG, dont la mobilisation a pu être payante.
C'est le cas pour la controverse autour du glyphosate, herbicide controversé, qui a donné lieu à des campagnes médiatiques musclées et des pétitions. Sa licence a été renouvelée, mais seulement pour cinq ans.
"Guerre défensive" des industries
Le public serait lui aussi de plus en plus vigilant. "Aujourd'hui, il y a une espèce de rattrapage, où l'opinion publique se saisit de plus en plus politiquement de questions qui sont traitées au niveau technique bruxellois", explique Martin Pigeon, chercheur pour l'ONG CEO, l'Observatoire de l'Europe industrielle.
De par leur présence accrue, "journalistes et ONG ont aussi appris à mieux décrire ces questions-là. CEO essaie de le faire depuis 15 ans! Mais effectivement, l'industrie, dans ce cas-là, est dans une guerre défensive."
Si certains jugent que le secteur industriel manque d'une stratégie de communication dans cette "guerre défensive", Martin Pigeon estime qu'il conserve une bonne longueur d'avance en terme d'influence. Il dit aussi qu'il y a un danger à mettre en lumière la proximité entre institutions et milieux d'affaires: cela risque d'ébranler la confiance des citoyens envers l'UE et d'encourager le nationalisme. Une bête noire pour l'Union, à un mois des européennes.
Guillaume Meyer/ani