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L'Italie déroule son tapis rouge à Mouammar Kadhafi

Les deux dirigeants avant une conférence de presse à Rome.
Les deux dirigeants avant une conférence de presse à Rome.
L'Italie de Berlusconi a déroulé le tapis rouge mercredi pour la première visite de Mouammar Kadhafi à Rome. Les Transalpins espèrent une coopération accrue dans les domaines de l'immigration et de l'économie, après le règlement d'un lourd contentieux colonial entre les deux pays.

"La page du passé a été tournée et une nouvelle page d'amitié
s'est ouverte", a déclaré Kadhafi à la presse, à l'issue de son
entretien avec le président Giorgio Napolitano, au premier jour de
sa visite "historique". "Nous saluons cette nouvelle génération
d'Italiens pour avoir résolu avec un grand courage les questions du
passé", a-t-il ajouté.



Cette visite a été rendue possible par la signature en août 2008
d'un traité qui a soldé les comptes de plus de trente ans de
colonisation italienne (1911-1942). Rome s'est engagé à verser 5
milliards de dollars de dédommagements sous forme d'investissements
sur les 25 prochaines années.



"Nous ne prenons pas en compte les indemnités, parce qu'au regard
de ce que l'Italie coloniale a fait au peuple libyen, il n'y a pas
de compensation possible. Mais cela (le traité d'amitié) est le
signe que l'Italie condamne le colonialisme, elle s'est excusée
pour ce qui s'est passé et c'est cela qui m'a permis de venir ici
aujourd'hui", a souligné le numéro un libyen.

Quelques heures auparavant, accompagné d'une suite d'au moins
deux cents personnes, le "guide" libyen en grand uniforme avait été
accueilli à l'aéroport par le Cavaliere, avec qui il devait
s'entretenir en fin de journée. Le tente de Mouammar Kadhafi a été
plantée dans le plus vaste parc romain, celui de la Villa Doria
Pamphili, mais il dormira dans le somptueux palais éponyme datant
du XVIIe siècle.

Immigration clandestine

Vendredi, après un rendez-vous avec le patronat, le leader
libyen rencontrera, à sa demande, plusieurs centaines de femmes
représentantes des mondes de la culture, de l'économie et de la
politique. En échange, Tripoli a notamment promis de lutter plus
efficacement contre l'immigration clandestine à partir de ses
côtes.



Les Libyens ont accepté pour la première fois début mai de
reprendre 500 immigrés interceptés par la marine italienne.

Cette
opération a été dénoncée par les organisations de défense des
droits de l'homme, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés
(HCR) et l'Eglise catholique, des réfugiés susceptibles d'obtenir
le droit d'asile pouvant se trouver parmi les refoulés. La Libye
n'est pas signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés et
le HCR n'a pas accès à tous les centres de rétention du pays.



L'organisation Human Rights Watch a dénoncé mercredi "un sale
marché" qui permet à l'Italie "de se débarrasser de ses migrants en
Libye et d'échapper à ses obligations". Amnesty International a
aussi appelé Rome à cesser sa coopération avec la Libye dans ce
domaine en l'absence de "garanties sur les droits de
l'Homme".



La visite du leader libyen se déroule sous haute surveillance
policière bien que les protestations prévues, de l'extrême gauche
et d'étudiants, s'annoncent limitées.



ats/afp/mej

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Polémique autour d'un discours

Mardi, une polémique a fait rage à propos du discours que devait prononcer le leader libyen jeudi devant le Sénat.

Les chefs des groupes parlementaires ont finalement annoncé qu'ils avaient décidé mercredi que le leader libyen s'exprimerait jeudi dans une salle annexe du palais sénatorial et non dans l'hémicycle, comme initialement prévu.

L'opposition de centre-gauche menaçait de boycotter le discours de Mouammar Kadhafi si celui-ci se tenait dans l'hémicycle, et le mécontentement enflait dans la classe politique italienne devant cette perspective.

"La décision de laisser parler un "prix Nobel du terrorisme", alors qu'un prix Nobel de la Paix comme le dalaï-lama n'a pas pu s'exprimer a été prise en dépit de l'opposition de nombreux sénateurs de droite et de gauche", avait déclaré plus tôt dans la journée le sénateur d'opposition Stefano Pedica.

Les sénateurs du Parti démocrate (centre gauche), la principale force d'opposition, avaient décidé de boycotter le discours prononcé par Mouammar Kadhafi en tant que président en exercice de l'Union africaine.

"Le discours solennel du président libyen Kadhafi devant le Sénat ne semble ni justifié ni opportun", avait également estimé Benedetto Della Vedova, un député du parti de Berlusconi.

Plusieurs centaines de personnes ont par ailleurs manifesté dans le calme contre la visite du président libyen mercredi après-midi sur une place du centre de Rome, au nom de la défense des droits de l'Homme.

Le poids économique de la Libye

La visite doit permettre de faire le point sur la mise en oeuvre du traité qui a soldé les comptes de la colonisation, notamment sur le plan économique alors que l'Italie est le premier client et premier fournisseur de la Libye.

Riche de ses pétrodollars, la Libye est devenue le deuxième actionnaire de l'une des principales banques italiennes, Unicredit, avec plus de 4% du capital et a manifesté son souhait d'acquérir une part importante du géant pétrolier Eni.