Juan Guaido a annoncé mardi matin sur les réseaux sociaux le ralliement d'un groupe de "soldats courageux", depuis une base militaire de Caracas aux abords de laquelle ont éclaté des échauffourées entre manifestants et forces loyalistes au président en place. "Plus de retour en arrière" pour faire chuter Nicolas Maduro, a lancé Juan Guaido sur Twitter.
En réponse, Nicolas Maduro a affirmé avoir "l'entière loyauté" des chefs de l'armée tandis que son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, a assuré que la situation était "normale" dans les casernes.
"Nous sommes en train d'affronter et de neutraliser un groupe réduit de traîtres au sein des effectifs militaires, qui se sont positionnés sur l'échangeur d'Altamira pour promouvoir un coup d'Etat", avait expliqué le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, peu après l'annonce de Juan Guaido. Il a évoqué une "tentative" de coup d'Etat et accusé la "droite putschiste".
Affrontements en pleine rue
Les échauffourées qui ont éclaté en cours de matinée entre les forces de l'ordre loyalistes et quelque 3000 manifestants aux abords de la base militaire de La Carlota à Caracas, où se trouvait Juan Guaido, se poursuivaient dans l'après-midi. Rues barrées, jets de pierres et nuages de gaz lacrymogènes: la situation restait très tendue à Caracas, selon l'AFP.
Selon les télévisions vénézuéliennes, un véhicule blindé aurait foncé sur un groupe de manifestants, alors que le gouvernement fait état de son côté d'un soldat blessé par balle durant le soulèvement de certains militaires.
D'après un premier bilan fourni par les services de santé du pays, il y aurait 69 blessés.
Le pouvoir appelle à un rassemblement de soutien
Le numéro 2 du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, a appelé les partisans de Nicolas Maduro à un rassemblement au palais présidentiel de Miraflores à Caracas. "Ils ne vont pas y arriver. Nous sommes déjà déployés et lançons un appel à tout le peuple de Caracas: venez à Miraflores. Nous verrons ce qu'ils sont capables de faire contre notre peuple", a déclaré Diosdado Cabello, président de l'Assemblée constituante dominée par le camp chaviste, sur la chaîne de télévision publique VTV.
Maduro aurait été prêt à quitter le Venezuela
Selon Mike Pompeo, Nicolas Maduro était prêt à quitter le pays ce matin. Le chef de la diplomatie américaine a affirmé sur CNN qu'un avion était sur le tarmac, prêt à s'envoler pour La Havane mais que les officiels russes l'ont persuadé de rester.
afp/oang
La communauté internationale divisée
Du côté des soutiens internationaux à Juan Guaido, le président brésilien Jair Bolsonaro a exprimé sa "solidarité" envers un peuple vénézuélien "réduit en esclavage par un dictateur".
A Washington, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a déclaré que le gouvernement américain soutenait "pleinement le peuple vénézuélien dans sa quête de liberté et de démocratie."
Donald Trump a par ailleurs appelé Cuba à cesser son soutien au Venezuela en menaçant l'île d'un "embargo total".
Le président colombien Ivan Duque, quant à lui, a appelé les militaires vénézuéliens à rejoindre Juan Guaido. La Colombie a demandé par ailleurs une réunion d'urgence du Groupe de Lima, composé de 13 pays latino-américains et du Canada, sur la crise en cours alors que Madrid a appelé à éviter "une effusion de sang."
Les alliés de Caracas, comme Cuba ou la Bolivie, ont rejeté le "mouvement putschiste" et condamné "la tentative de coup d'Etat" alors que la Russie accuse l'opposition d'attiser la confrontation et met en garde contre "un bain de sang", tout en appelant à des pourparlers.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté "toutes les parties à éviter de recourir à la violence" et leur demande de "prendre des mesures immédiates pour faire revenir le calme."
L'opposant Leopoldo Lopez réfugié à l'ambassade du Chili
L'un des leaders de l'opposition vénézuélienne, Leopoldo Lopez, libéré mardi de sa résidence surveillée par les militaires soutenant Juan Guaido, s'est réfugié avec son épouse et l'un de ses trois enfants dans l'ambassade du Chili à Caracas, a annoncé le ministère chilien des Affaires étrangères.
"Lilian Tintori et sa fille sont entrées comme invitées de notre mission diplomatique à Caracas. Son époux Leopoldo Lopez les a rejointes il y a quelques minutes et reste dans cet endroit avec sa famille. Le Chili réaffirme son engagement auprès des démocrates vénézuéliens", a indiqué le ministère chilien sur Twitter.