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Benoît XVI, un pèlerinage en terre minée

Le pape en compagnie du roi Abdallah II et de la reine Rania.
Le pape en compagnie du roi Abdallah II et de la reine Rania.
Benoît XVI a exprimé son «profond respect pour la communauté musulmane» à son arrivée vendredi en Jordanie. Il s'agit de sa première visite dans un pays arabe depuis le début de son pontificat en 2005. Son voyage le mènera ensuite en Israël et dans les territoires palestiniens.

Le pape a dit entreprendre ce voyage en "pèlerin de paix" alors
que les tensions dans la région sont plus fortes qu'en 2000, lors
de la visite historique de son prédécesseur Jean Paul II, notamment
après l'offensive israélienne contre la bande de Gaza en
décembre-janvier. Celle-ci a fait plus de 1400 morts palestiniens,
selon des sources palestiniennes.



Benoît XVI a affirmé vendredi être venu en pèlerinage en Terre
sainte pour "prier pour l'unité et la paix très spécialement au
Moyen-Orient". "A la différence des pèlerins du passé, je ne viens
pas avec des présents ou des offrandes", a-t-il dit dans un
discours prononcé dans la chapelle d'un centre pour handicapés peu
après son arrivée à Amman, en Jordanie.

Message de paix aux musulmans

Dans une allocation à l'aéroport international d'Amman, il a
souligné que la «liberté religieuse est naturellement un droit
humain fondamental. Mon espérance fervente et ma prière sont que le
respect des droits inaliénables et de la dignité soient toujours
plus affirmés et défendus non seulement au Moyen-Orient mais
partout dans le monde».



«Ma visite en Jordanie me donne l'heureuse occasion de dire mon
profond respect pour la communauté musulmane, et de rendre hommage
au rôle déterminant de sa Majesté le roi dans la promotion d'une
meilleure compréhension des vertus proclamées par l'islam», a
encore dit le souverain pontife.



Benoît XVI s'exprimait en italien devant notamment le roi Abdallah
II et la reine Rania, des membres de la famille royale, ainsi qu'un
parterre de responsables et de dignitaires religieux. Le pape a
saisi l'occasion pour rappeler les efforts en faveur de la paix de
feu le roi Hussein, père d'Abdallah II.

Hostilité des Frères musulmans

Pour sa part, Abdallah II a appelé le pape à ouvrir un nouveau
dialogue entre chrétiens et musulmans et à faciliter un règlement
du conflit israélo-palestinien. Il s'est félicité de «l'engagement»
du pape «à dissiper les malentendus et les divisions qui ont porté
atteinte aux relations entre chrétiens et musulmans».



La puissante confrérie des Frères musulmans en Jordanie et leur
branche politique, le Front de l'action islamique, ont affirmé que
le pape n'était «pas le bienvenu» s'il ne s'excusait pas pour ses
«propos contre l'islam».



Le mouvement faisait référence à une polémique datant de 2006 où
Benoît XVI avait semblé établir une relation entre islam et
violence. Le pape avait ensuite exprimé ses regrets pour les
réactions suscitées par ses propos.

Tensions avec Israël

Ce 12ème voyage du pape allemand (82
ans) est "très complexe", a reconnu le Vatican alors que les
relations entre le pape et Israël ont traversé une période de haute
tension avec la levée de l'excommunication de l'évêque
négationniste Richard Williamson fin janvier. L'Etat juif s'oppose
aussi à la béatification de Pie XII, souhaité par Benoît XVI, en
raison de son attitude controversée face à la Shoah (lire
encadré
).



L'Eglise de son côté déplore les difficiles conditions de vie des
chrétiens - en majorité arabes- qui représentent 2% des sept
millions d'habitants d'Israël. La question des chrétiens d'Irak
devrait également être abordée, lors de l'étape jordanienne.



Le Vatican entend aussi avoir un libre accès aux lieux saints et
la possibilité de mener ses activités pastorales en Terre sainte
sans limitation, des thèmes toujours en suspens depuis
l'établissement de relations diplomatiques entre Israël et le
Saint-Siège en décembre 1993.



agences/sbo

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En Jordanie puis en Israël

Benoît XVI entame son voyage au Proche-Orient par la Jordanie, où il célébrera une messe dimanche, avant d'arriver en Israël qu'il quittera le 15 mai.

En Israël, où la mobilisation policière sera exceptionnelle, il se rendra notamment lors de son étape à Jérusalem au mur des Lamentations, au mémorial de la Shoah Yad Vashem et dans une mosquée.

Il passera aussi une journée dans les territoires palestiniens, à Bethléem, où il visitera notamment un camp de réfugiés. Le précédent voyage du pape à l'étranger, en Afrique en mars, avait été terni par une vive polémique sur le préservatif.

Condamnations du négationnisme exigées

Le ministre israélien des Cultes, Yaakov Margi, a appelé le pape à "dénoncer sans ambiguïté les négationnistes et les antisémites", lors de sa visite à Yad Vashem. Benoît XVI doit se rendre lundi au mémorial de la Shoah à Jérusalem.

"Les rescapés de la Shoah en Israël et dans le monde attendent de vous une dénonciation sans ambiguïté des négationnistes et des antisémites, alors que certains d'entre eux affichent leur fidélité au Saint-Siège", écrit le ministre dans une lettre rendue publique vendredi.

"Votre visite à Yad Vashem offrira une occasion idéale pour en finir avec les allégations selon lesquelles l'Eglise se refuse de se distancer sans équivoque de ceux qui dénient la Shoah et des antisémites", ajoute-t-il.

Benoît XVI doit se rendre lundi au mémorial de Yad Vashem, érigé en souvenir des six millions de victimes juives des nazis dans le cadre de sa visite qu'il entamera le même jour en Israël.