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Benoît XVI dénonce la "manipulation" de la religion

Le prince Ghazi ben Mohamad et Benoît XVI, dans la plus grande mosquée de Jordanie.
Le prince Ghazi ben Mohamad et Benoît XVI, dans la plus grande mosquée de Jordanie.
Le pape Benoît XVI a dénoncé samedi dans l'enceinte de la plus grande mosquée de Jordanie la "manipulation idéologique de la religion" qui peut déboucher sur des violences. Auparavant, Benoît XVI s'était rendu sur le Mont Nebo, d'où il a contemplé Jérusalem.

Le pape parlait devant des dignitaires religieux musulmans dans
l'enceinte de la mosquée al-Hussein ben Talal d'Amman, au deuxième
jour de son premier voyage dans un pays arabe.



Il s'est inscrit en faux contre ceux qui "soutiennent" que "la
religion est nécessairement une cause de division dans notre monde"
et "prétendent que, moins d'attention est prêtée à la religion,
(...) mieux cela est".



Admettant "l'existence de tensions et de divisions entre les
membres des différentes traditions religieuses", Benoît XVI a
affirmé que "c'est souvent la manipulation idéologique de la
religion, parfois à des fins politiques, qui est le véritable
catalyseur des tensions et des divisions, et parfois même des
violences dans la société".



"Musulmans et chrétiens, précisément à cause du poids de leur
histoire commune si souvent marquée par des incompréhensions,
doivent aujourd'hui s'efforcer d'être connus et reconnus comme des
adorateurs de Dieu (...) toujours conscients de l'origine commune
et de la dignité de toute personne humaine", a-t-il dit.

Un "geste de bonne volonté"

Sa précédente, et première, visite dans un lieu de prière
musulman, avait été celle à la Mosquée bleue d'Istanbul en novembre
2006, en pleine polémique après ses propos de Ratisbonne, en
Allemagne, semblant assimiler islam et violence. Benoît XVI y avait
spectaculairement fait une prière personnelle, tourné vers La
Mecque.



Le prince Ghazi ben Mohamad, cousin et conseiller pour les
Affaires religieuses du roi Abdallah II, a qualifié sa visite de
"geste de bonne volonté et signe de respect mutuel entre musulmans
et chrétiens" et l'a "remercié pour avoir exprimé (ses) regrets
concernant le discours de 2006, qui a offensé les Musulmans".



Cependant, le pape n'a pas semblé convaincre tout le monde en la
matière. "Le pape ne s'est pas vraiment excusé, il faut lire entre
les lignes", s'est plaint Youssef Abou Hussein, mufti (chef
religieux) du gouvernorat de Karak (sud), présent à la mosquée. "Ce
n'était pas clair, il fallait qu'il le fasse ouvertement et
clairement car ses propos (de 2006) étaient insultants pour le
prophète".



Le pape a par ailleurs plaidé pour la reconnaissance des "droits
fondamentaux à une coexistence pacifique" des chrétiens d'Irak.

Terre promise à l'horizon

C'est par le versant pèlerinage de son
déplacement de huit jours au Proche-Orient que Benoît XVI avait
débuté sa journée en se rendant au Mont Nebo où, selon la bible,
Dieu a montré la Terre promise à Moïse. Du sommet, dominant à 840
mètres la vallée du Jourdain, le pape a contemplé quelques instants
Jérusalem à l'horizon.



Il s'est ensuite rendu à Madaba, où réside une importante
communauté chrétienne, pour bénir la première pierre d'une
université catholique. Là aussi, il a mis en garde contre une
religion "défigurée quand elle est mise au service de l'ignorance
et du préjugé, du mépris, de la violence et des abus".

Les paroles du pape prennent une résonance particulière alors
que des islamistes radicaux jordaniens, la puissante confrérie des
Frères musulmans et sa branche politique, reprenant la polémique
surgie après Ratisbonne, ont déclaré qu'il n'était "pas le
bienvenu" à moins qu'il ne présente des excuses pour ses "propos
contre l'islam".



A son arrivée vendredi à Amman, le pape avait d'emblée exprimé
"son profond respect" pour la communauté musulmane. Le chef de
l'église catholique doit se rendre la semaine prochaine en Israël
et Cisjordanie alors que les tensions restent fortes après
l'offensive meurtrière d'Israël dans la bande de Gaza en
décembre-janvier.



afp/ant

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Plusieurs dossiers à charge

En quatre ans, le successeur de Jean Paul II s'est aliéné bon nombre de juifs et musulmans et il a donc beaucoup à faire au cours de ce pèlerinage pour réparer les dégâts.

Cette année, Benoît XVI a levé l'excommunication de quatre évêques intégristes, dont Richard Williamson qui nie l'existence de l'Holocauste.

L'année dernière, il a redonné droit de cité à une prière pour la conversion des juifs.

Enfin, il soutient la béatification de Pie XII, qui fut selon lui un "grand homme d'Eglise", alors que nombre d'historiens reprochent à ce pape d'être resté silencieux durant la Shoah.

Par ailleurs, dans un discours à Ratisbonne (Allemagne) en septembre 2006, il avait cité un empereur byzantin du XIVe siècle évoquant les "choses mauvaises et inhumaines" apportées par Mahomet, dont la propagation de l'islam par l'épée.

Le pape a exprimé vendredi son "profond respect" pour l'islam.

Il avait auparavant assuré que le passage en cause ne reflétait pas son opinion personnelle

Pas besoin de se déchausser dans la mosquée

Le pape Benoît XVI n'a pas eu à enlever ses chaussures pour visiter la plus grande mosquée de Jordanie, samedi à Amman. Les organisateurs avaient prévu un parcours spécial ne le nécessitant pas, a expliqué à la presse le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

"Benoît XVI était préparé à les enlever, mais ses accompagnateurs lui ont fait emprunter un parcours spécial et ne lui ont pas demandé de le faire", a-t-il expliqué. Il a précisé qu'il ne fallait en aucun cas interpréter ce fait comme un signe d'irrespect envers l'islam.