Dans un courrier adressé le 27 mars au ministre Bill Barr, Robert Mueller affirme que le résumé publié trois jours plus tôt ne traduit pas "le contexte, la nature et la substance" de son enquête, selon le Washington Post qui a eu accès à ce courrier.
Bill Barr avait été le premier destinataire du rapport d'enquête de Robert Mueller qui devait déterminer les circonstances d'une ingérence russe dans la campagne de 2016, dire s'il y avait eu collusion entre Moscou et l'équipe de Donald Trump et si, une fois président, celui-ci avait cherché à entraver ses investigations.
"Il y a maintenant une confusion du public à propos d'aspects critiques des résultats de notre investigation. Cela menace l'un des objectifs centraux pour lesquels le ministère a nommé un procureur spécial: assurer la pleine confiance du public dans les résultats de l'enquête", a déploré Robert Mueller, selon le Washington Post.
Controverse
D'après le Washington Post et le New York Times, ce courrier a été suivi de conversations téléphoniques entre les deux hommes. Les discussions ont été confirmées par le ministère de la Justice.
Dans son résumé publié le 24 mars, Bill Barr affirmait que l'ancien patron de la police fédérale (FBI) n'avait trouvé aucune preuve de connivence entre la Russie et la campagne Trump. Concernant l'entrave à la justice, il s'était montré plus circonspect et avait repris une phrase de Robert Mueller lui-même: "Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus".
Pressions troublantes
Bill Barr avait néanmoins conclu que le rapport ne pouvait fournir la base de poursuites contre le président, ce qui avait suscité une controverse. L'accusant de protéger Donald Trump, les démocrates avaient réclamé la publication du rapport. Ils ont finalement obtenu qu'une version expurgée des passages les plus confidentiels soit diffusée le 18 avril.
Version qui dresse un tableau beaucoup plus contrasté de l'action du président. Il en ressort notamment que Donald Trump avait cherché à limoger Robert Mueller et qu'il avait exercé une série de pressions troublantes sur l'enquête.
Si l'équipe Mueller ne conclut pas que Trump a commis un crime d'obstruction au cours de la justice, elle ne l'en exonère pas davantage. Et le procureur spécial note que le Congrès a l'autorité nécessaire pour examiner si Trump a ou non violé la loi.
ats/pym