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"L'OTAN, un instrument de l'hégémonie américaine"

Géopolitis: OTAN au pilori [Adobe stock - Lulla]
OTAN au pilori / Geopolitis / 26 min. / le 12 mai 2019
L'OTAN en crise célèbre ses 70 ans d'existence. Créée en 1949 face au bloc soviétique, l'Alliance atlantique est devenue "le bras armé de la puissance américaine", selon Gabriel Galice, président de l'Institut international de recherches pour la paix à Genève.

Septuagénaire, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) est un géant militaire. Avec ses 29 États membres, les dépenses de l'Alliance frôlent les 1000 milliards de dollars (987 milliards estimés en 2018), soit 55% des dépenses militaires mondiales et elle additionne 3 millions d'hommes en service actif.

Il faut confier la paix aux diplomates, pas aux militaires.

Gabriel Galice

Invité dans Géopolitis, Gabriel Galice est un observateur critique de l'Alliance atlantique. L'OTAN ne participe pas, selon lui, à la paix et à la stabilité du monde. Il déplore notamment les conséquences désastreuses des interventions militaires: "Les morts se comptent par millions, si on met bout à bout la guerre en Afghanistan, en Libye, au Pakistan et en Irak", dit-il. "Il faut confier la paix aux diplomates, pas aux militaires."

Pour Gabriel Galice, l'OTAN est d'abord un instrument de l'hégémonie américaine. Pour appuyer son propos, il cite l'analyste américain Thomas Friedman: "La main invisible du marché ne fonctionne pas sans un poing caché, qui s'appelle l'armée, la force aérienne, la force navale et les Marines des Etats-Unis".

L'Alliance atlantique n'a pas cessé de s'agrandir depuis les années 50, jusqu'à intégrer en 2004 les trois anciennes républiques soviétiques baltes. "A la chute de l'URSS, il fallait soit refondre l'Alliance, soit la faire disparaître. Surtout que son adversaire, le Pacte de Varsovie, a lui été supprimé", argue Gabriel Galice. Il pointe une organisation "qui n'est plus adaptée au monde nouveau, sauf si on voulait considérer l'OTAN comme le bras armé d'un bloc occidental, construit autour des Etats-Unis".

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Les pays membres de l'OTAN [Géopolitis/RTS - Thierry Vilbert]

Un géant en crise

Le 4 avril dernier à Washington, le 70e anniversaire de l'OTAN a été célébré sans faste, à l'image des dissensions croissantes entre les Etats-Unis et leurs alliés européens. Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait taxé l’OTAN d'obsolète, avant de se raviser. Mais il exige désormais que les alliés paient leur part du gâteau et qu'au moins 2% de leur PIB soit consacré au budget de l'Alliance. Avec 684 milliards de dollars, les Etats-Unis assument 70% des dépenses.

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Les plus gros contributeurs au budget de l'OTAN [Géopolitis/RTS - Thierry Vilbert]

Divergences aussi sur le plan stratégique. Tous les Alliés ne partagent pas forcément les mêmes priorités. "La menace est-elle à l'Est ou au Sud? C'est un grand débat au sein de l'Alliance", relève Gabriel Galice, qui ne croit pas à la menace russe. "Le vrai problème a été l'extension de l'Union européenne sans limite avec des pays qui n'avaient pas cette culture de paix, mais une culture de revanche. (...) Des pays qui ont été traumatisés par le passé soviétique et qui sont persuadés que la Russie est la menace."

Et quelle position face à la montée en puissance de la Chine? "Les Occidentaux sont tellement pris dans leurs critiques de la Russie qu'ils font semblant d'oublier la Chine. Pour ne pas trop l'énerver, parce que c'est un gros monstre", analyse Gabriel Galice. Il met aussi en garde les Occidentaux et "leur arrogance habituelle" face au reste du monde, avant de conclure en ironisant: "Xi Jinping et Vladimir Poutine sont de meilleures pointures que les nôtres. Quand on a Theresa May à la place de Churchill, Macron pour de Gaulle et Trump pour Eisenhower, ça fait pas la maille!"

Mélanie Ohayon

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