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La mort d'un Secrétaire général de l'ONU pas élucidée au bout de 60 ans

Le secrétaire général de l'ONU Dag Hammarskjold en 1959. [AP Photo/Keystone]
L'assassinat du secrétaire général de l'ONU toujours pas élucidé, 60 ans après: interview de Maurin Picard / Tout un monde / 11 min. / le 2 mai 2019
Le 18 septembre 1961, l'avion du Secrétaire général de l'ONU, Dag Hammerskjöld, était abattu dans l'actuelle Zambie. L'assassinat n'a pas été formellement élucidé, mais un journaliste français a mené sa propre enquête, qu'il publie cette semaine.

L'histoire date d'il y a 58 ans, et elle a été largement oubliée par le grand public.

Le 18 septembre 1961, l'avion du Secrétaire général de l'ONU se présente en approche de l'aéroport de Ndola, en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie). Dag Hammerskjöld était en "mission de la dernière chance" pour négocier un accord de paix et éviter que le Congo, nouvellement indépendant, ne sombre durablement dans la guerre civile. Mais peu après minuit, l'appareil disparaît et son épave n'est retrouvée que quelques heures plus tard.

L'enquête officielle conclut à une erreur de pilotage, alors que des témoins affirment avoir vu un deuxième avion ouvrir le feu sur le DC-6 du diplomate.

"On sait aujourd'hui qu'il s'agit d'un attentat, puisqu'à l'époque, un certain nombre de témoins ont été négligés par l'enquête officielle organisée par les autorités coloniales britanniques. Ces témoins étaient noirs et ils n'étaient pas jugés dignes de confiance", explique Maurin Picard, correspondant aux Etats-Unis des quotidiens "Le Figaro" et "Le Soir", dans l'émission Tout un monde de la RTS. Le journaliste a mené sa propre enquête sur l'affaire, dont il publie le résultat cette semaine dans un livre: "Ils ont tué Monsieur H", aux éditions du Seuil.

"Documents accablants"

Dag Hammerskjöld, le deuxième Secrétaire général de l'ONU (1953-1961), présentait "une forme de messianisme. Il pensait qu'il avait un rôle planétaire évident", notamment à travers sa volonté d'empêcher le morcellement du Congo, explique Maurin Picard. Or, selon le journaliste, "il y avait des intérêts miniers très puissants, des éléments des puissances occidentales parmi les services de renseignements qui l'avaient dans le collimateur".

Maurin Picard évoque "des documents accablants" réapparus "à la faveur d'une déclassification un peu difficile dans certains pays: au Royaume-Uni, en France, en Belgique, en Suède et de manière plus modeste aux Etats-Unis". "On découvre les contours de la conjuration des opportunistes", souligne-t-il. Il énumère "des membres du gouvernement britannique d'Harold McMillan", "des officiers français envoyés par les services de renseignement directement depuis l'Algérie française"... mais aussi "les intérêts miniers anglo-belges qui ne voulaient surtout pas laisser tomber la province riche en minerai du Katanga".

Rapport d'enquête pour le mois de juin

Au moins quatre enquêtes officielles ont été ouvertes, dont une par l'ONU en 2016. Le rapport final, conclusion de trois ans d'enquête, doit d'ailleurs être rendue à l'actuel Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres en juin.

Mais Maurin Picard craint que ce rapport ne livre pas les réponses attendues. "La France, le Royaume-Uni et la Belgique ont refusé, ou partiellement refusé de collaborer avec l'ONU en ne déclassifiant par leurs archives des services de renseignement", regrette-t-il.

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey

Adaptation web: Jessica Vial

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