La prise de Mingora aux talibans est un des principaux objectifs
de l'offensive d'Islamabad destinée à reprendre la vallée aux
talibans. La bataille de Mingora pourrait également tenir lieu de
test pour une armée habituée à la guerre conventionnelle dans les
plaines, et peu familière de la guérilla urbaine, rue par rue et
maison par maison.
Selon le porte-parole militaire le général Athat Abbas, au moins
17 talibans ont été tués dans l'offensive ces dernières 24 heures.
Une autre ville importante de la vallée, Matta, a selon lui été
"nettoyée", mais il resterait entre 1500 et 2000 talibans,
combattants aguerris, dans la vallée de Swat.
Quelque 10'000 à 20'000 civils se
trouvent toujours à Mingora, centre commercial principal de la
vallée, qui compte en temps normal 375'000 habitants, a ajouté le
porte-parole. Et l'armée entend faire de son mieux pour éviter les
victimes innocentes.
"Les terroristes vont les utiliser comme boucliers humains, les
prendre en otage, donc nous avançons avec beaucoup de précautions",
a souligné le général Abbas. "L'allure de l'opération sera très
lente. Alors soyez patients. Mais elle a commencé, et, si Dieu
veut, nous allons la mener à sa conclusion logique".
Bilans invérifiables
Selon l'armée, quelque 1100 talibans présumés ont été tués
depuis le début de l'offensive il y a un mois. Aucun bilan n'est
fourni pour ce qui est des victimes civiles, et ces informations
sont impossibles à vérifier de sources indépendantes. Mais les
réfugiés fuyant les combats ont témoigné de la mort de dizaines de
personnes pris dans les combats.
L'offensive, sur la vallée de Swat principalement mais également
certains districts environnants, a jeté sur les routes près de 1,9
million de personnes, dont plus de 160'000 ont trouvé refuge dans
les camps de déplacés.
ap/afp/cab
Pas de front dans les zones tribales
Le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a repoussé samedi l'idée d'une extension de l'offensive aux zones tribales le long de la frontière afghane, qui abritent depuis des années des bastions d'Al-Qaïda et des talibans afghans.
Les informations selon lesquelles le président Asif Ali Zardari préparerait un tel passage à la vitesse supérieure ont déjà poussé à l'exode des familles du Sud-Waziristan, base du chef taliban pakistanais Baitullah Mehsud.
Se battre dans les zones tribales avant d'avoir chassé les talibans de la vallée de Swat semble difficile pour l'armée pakistanaise, formée depuis des décennies au combat conventionnel contre l'ennemi historique indien, dans les plaines du Penjab, avec chars et artillerie.
Un touriste français enlevé
Un touriste français a été kidnappé samedi dans le sud-ouest du Pakistan par des hommes armés qui ont laissé repartir cinq de ses compatriotes, dont deux femmes et deux enfants.
Le rapt s'est produit dans la province du Baloutchistan, où opèrent à la fois des groupes séparatistes de l'ethnie baloutche et des combattants islamistes armés proches d'Al-Qaïda et des talibans d'Afghanistan, ont annoncé à l'AFP trois officiers de police.
Le ministère français des affaires étrangères a confirmé l'information, soulignant qu'il était «pleinement mobilisé» sur cette affaire.
Cet enlèvement, qui n'avait pas encore été revendiqué samedi en début de soirée, intervient près de deux mois après la libération d'un haut fonctionnaire américain de l'ONU, John Solecki.
Enlevé par un mystérieux groupe séparatiste baloutche à Quetta, la capitale du Baloutchistan, il avait été retenu en otage pendant deux mois.