L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé l'offensive, a acheminé des renforts de troupes et des armes lourdes au cours de la semaine écoulée sur le front de la capitale, dont il cherche à s'emparer. Mais ses forces n'ont toujours pas réussi à briser les défenses érigées dans la banlieue sud par les forces fidèles au gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale.
Combats autour de l'ancien aéroport
Des combats se sont notamment déroulés de jeudi après-midi à vendredi dans le secteur de l'ancien aéroport international, où la ligne de front semble avoir peu évolué selon le témoignage d'habitants.
L'essentiel des troupes du maréchal Haftar sont à environ 25 à 30 kilomètres du centre de Tripoli, mais certaines lignes de front sont déjà dans les quartiers d'habitation aux portes de la ville. "Des explosions sont entendues même depuis le centre-ville", constate l'envoyée spéciale de RTSinfo Maurine Mercier vendredi dans l'émission Forum.
"Haftar, c'est Kadhafi en pire"
Et pour les habitants de la capitale, l'issue ne fait aucun doute si le maréchal réussit à s'en emparer: il pourra conquérir alors de tout le pays. Et pour eux, témoigne la journaliste, "Haftar, c'est Kadhafi mais en pire. Un militaire, un dictateur capable de bombarder son propre peuple."
Pour l'heure, Tripoli résiste, mais la Libye sombre néanmoins dans sa 3e guerre civile depuis la chute de Mouammar Kadhafi, et la première que personne n'avait vu venir. Les Libyens commençaient même à croire qu'ils réussiraient à rebâtir enfin leur Etat et à organiser des élections.
Selon les analystes, la menace de l'ALN persistera tant que les forces du maréchal Haftar conserveront leur base avancée à Gharyan, à 80 km au sud de Tripoli. Cette ville est difficile à prendre car elle se trouve dans des montagnes dominant la plaine côtière où se trouve Tripoli.
oang avec reuters
Près de 400 morts en un mois
Au moins 392 personnes ont été tuées et 1936 blessées en Libye depuis le lancement le 4 avril de l'offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la Santé vendredi.
Les combats ont également fait plus de 50'000 déplacés, a indiqué pour sa part le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en se disant "préoccupé par des chiffres alarmants de déplacements".
Le ministre libyen de l'Education Othman Abdel Jalil, également président du Comité de crise gouvernemental, avait évoqué la veille le chiffre de 55'000 personnes déplacées, représentant 11'000 familles.