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Au Congo, Ebola a déjà fait 1000 morts et tue deux malades sur trois

L'actuelle épidémie d'Ebola qui touche le Congo a fait 1008 morts depuis août 2018. [KEYSTONE/EPA - Hugh Kinsella Cunningham]
Le cap des 1000 morts de la maladie d'Ebola a été franchi au Congo. / Le Journal horaire / 1 min. / le 5 mai 2019
Le cap des 1000 décès a été franchi vendredi dans l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, qui touche la République démocratique du Congo depuis août 2018. Il s'agit d'une des plus graves épidémies de l'histoire du virus.

Selon le ministère congolais de la Santé, neuf mois après la déclaration de l'épidémie le 1er août dernier dans la province du Nord-Kivu (est du Congo), 1008 décès (942 confirmés et 66 probables) et 422 personnes guéries ont été enregistrés.

"Le taux de létalité globale de l'épidémie est de 65,9%", a ajouté l'autorité sanitaire congolaise, qui orchestre la riposte avec l'OMS, le Fonds des Nations unies pour l'enfance et plusieurs ONG. 51,9% des décès ont eu lieu aux alentours de Butembo, ville de près d'un million d'habitants à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l'Ouganda.

Contexte politique défavorable

L'épidémie frappe une région touchée par l'insécurité, qui se retourne contre le personnel médical. Les autorités congolaises et l'OMS ont d'ailleurs dénoncé des "manipulations politiques" qui attisent cette hostilité dans les régions affectées, un facteur qui tend à aggraver l'épidémie. Ainsi, le nombre de contaminations est reparti à la hausse après l'attaque des deux Centres de traitement d'Ebola fin février-début mars et le décès en avril d'un médecin camerounais de l'OMS tué par des hommes armés alors qu'il dirigeait la réunion d'une équipe anti-Ebola.

Fin décembre 2018, Ebola avait servi de prétexte à la Commission électorale pour reporter l'élection présidentielle dans la région de Beni-Butembo, décision qui avait provoqué la colère durable des électeurs. Suite à cette annonce, 32 centres de santé avaient été attaqués dans la ville de Beni, avait témoigné une responsable des urgences de Médecins sans frontières au journal le Monde.

>> Ecouter le sujet de La Matinale de la RTS à l'annonce du report de ces élections :

Les élections en République démocratique du Congo ont été à nouveau reportées. [EPA/Keystone - Stefan Kleinowitz]EPA/Keystone - Stefan Kleinowitz
Les élections en République démocratique du Congo sont reportées / La Matinale / 1 min. / le 21 décembre 2018

"Il faut mettre les communautés encore réfractaires à la stratégie actuelle de prévention au centre la réponse si nous voulons gagner le combat contre Ebola", a pour sa part indiqué, sur les ondes de la RTS, le docteur Balla Condé, responsable des opérations de réponse Ebola sur place pour la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Deuxième plus grave épidémie de l'histoire

"Nous anticipons un scénario de transmission continue et intense", a craint le directeur du programme pour les urgences de l'OMS Peter Ryan lors d'une conférence de presse à Genève. "Pour juguler l'épidémie, certains parlent de six ou neuf mois, ou une année", a prudemment envisagé de son côté le ministre congolais de la Santé Oly Ilunga.

C'est la dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais et la deuxième la plus grave dans l'histoire du virus, après celle qui avait frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014 (plus de 11'000 morts). Plus de 110'000 personnes ont été vaccinées depuis début août. Le Rwanda et l'Ouganda, deux pays frontaliers, ont aussi vacciné des membres de leur personnel de santé.

afp/vic

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