Sept prévenus sont jugés dont plusieurs anciens dirigeants de France Télécom (devenue Orange en 2013), parmi lesquels les anciens n°1 et n°2 de l'entreprise, ainsi que le directeur des ressources humaines. Ils sont accusés d'avoir sciemment dégradé les conditions de travail des salariés, pour en pousser un maximum à la démission.
Tous comparaissent pour "harcèlement moral", défini dans le code pénal comme "des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail". Quatre autres responsables sont jugés pour "complicité". Ils encourent un an d'emprisonnement et environ 17'000 francs suisses d'amende.
Les prévenus ne seront pas jugés pour leurs choix stratégiques, mais pour leurs méthodes. Leur objectif était d'adapter le vieil opérateur public de téléphonie, au nouveau marché soumis à la concurrence. Le plan de transformation prévoyait 22'000 départs, 10'000 mobilités internes et 6000 embauches.
"Les départs se feront d'une façon ou d'une autre"
En 2006, dans un discours devant les cadres, le dirigeant de l'entreprise donnait le ton et mettait une pression maximale sur chaque échelon hiérarchique, avec cette phrase relevée par les juges d'instruction: "Les départs se feront d'une façon ou d'une autre, par la porte ou par la fenêtre". Le DRH lançait lui le "crash program".
Parmi les 35 salariés qui se sont donné la mort, plusieurs ont laissé un lettre, comme un employé de 50 ans qui disait: "je me suicide à cause de France Télécom".
Frédéric Says/afp/jfe