Cette démarche n'est pas une surprise, l'un des responsables du
ministère russe de l'Intérieur ayant répété vendredi que le
rassemblement, baptisé "Gay Pride Slave" par ses organisateurs,
était interdit et que la police entendait agir à son encontre "en
application stricte de la loi" (lire
ci-contre).
De quoi signifier clairement que les autorités moscovites
n'entendaient pas faire d'exception pour cause d'Eurovision, bien
que cet événement compte beaucoup de fans dans les milieux
homosexuels. La mairie de Moscou est farouchement opposée au
mouvement gay et interdit régulièrement tout défilé dédié à sa
cause.
Quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés en début
d'après-midi près de l'Université de Moscou, clamant des slogans
comme "L'homophobie est une honte pour la Russie!" et "Droits égaux
pour tous", avant d'être interpellés en plusieurs vagues, a
constaté une journaliste de l'AFP.
Quarante interpellations au total
Le militant britannique Peter Tatchell a indiqué par la suite à
l'AFP par téléphone qu'une trentaine de personnes, dont lui-même,
avaient été arrêtées lors de ce rassemblement, qui intervenait en
outre à la veille de la journée mondiale de lutte contre
l'homophobie, dimanche. "Les méthodes de la police étaient plutôt
violentes. On a tordu les bras des gens derrière leur dos (...)
C'était assez douloureux", a-t-il témoigné.
Nikolaï Alexeïev, fondateur du site internet GayRussia.ru et
principal organisateur de la manifestation, a été interpellé. La
police s'est saisie également d'un homme habillé en robe de mariée
et d'un militant gay américain.
Dans un communiqué publié peu
après, Nikolaï Alexeïev a appelé les artistes devant participer
dans la soirée à la finale de l'Eurovision à "boycotter l'événement
de ce soir et envoyer un message disant que l'oppression des droits
de l'Homme par la Russie n'est pas acceptable".
"Le gouvernement russe utilise l'Eurovision cette année comme un
gala pour montrer au monde les progrès qu'a faits le pays depuis le
début des années 90. Mais ce qui a été observé cet après-midi dans
les rues de Moscou montre au monde à quel point la Russie a peu
avancé en matière de droits de l'Homme fondamentaux",
ajoute-t-il.
Quelques militants orthodoxes, opposés au mouvement homosexuel,
ont également été interpellés place Pouchkine, au centre de Moscou,
où le rassemblement gay avait été initialement annoncé, a rapporté
l'agence Interfax.
afp/mej
"Gay Pride Slave" pas tolérée
La "Gay Pride Slave" avait été organisée à proximité de l'Université d'Etat de Moscou en dépit de son interdiction par les autorités.
La municipalité de Moscou bannit régulièrement ce genre de manifestation et les militants qui y participent sont arrêtés et attaqués par des groupuscules nationalistes.
L'homophobie est largement répandue en Russie. L'homosexualité y était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999.
Moscou, hôte de la finale de l'Eurovision
A Moscou, lors de précédentes gay pride interdites en 2006 et 2007, de jeunes ultra-nationalistes avaient violemment agressé des militants gay.
La Russie, vainqueur de l'Eurovision l'an dernier avec son chanteur Dima Bilan, accueille pour la première fois sur son sol cette extravagante célébration de la pop musique, regardée chaque année par des dizaines de millions de téléspectateurs européens, et qui suscite de l'intérêt jusqu'au Canada ou en Australie.
Les autorités russes, bien décidées à le mettre à profit pour flatter l'ego des Russes et démontrer leur capacité d'organiser un événement de grande ampleur, ont mis les petits plats dans les grands, et n'ont pas lésiné sur les moyens, en consacrant quelque 32 millions d'euros à cet événement, ce qui en fait l'un des concours les plus chers de l'histoire de l'Eurovision.
La finale, qui rassemble 25 pays, doit commencer à 23h00 locales (19h00 GMT) dans un stade olympique du centre-ville. Les favoris de l'édition 2009 sont la Norvège et la Turquie.