En proie à l'instabilité depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a de nouveau basculé dans une spirale de violences le 4 avril dernier avec le lancement par le maréchal Haftar d'une offensive militaire sur Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et dirigé par Fayez al-Sarraj.
Alors que la situation est largement figée, avec des lignes de front qui n'évoluent que très peu, la journaliste Maurine Mercier a rencontré deux habitantes de la capitale dont le quartier est encore épargné par la guerre mais qui entendent jour et nuit les bombardements. Elles témoignent de manière anonyme.
"Je resterai ici, je me battrai ici"
"Je ne quitterai jamais le pays. Je resterai ici, je me battrai ici", assure l'une d'elles, jeune mère de 25 ans, dans un anglais parfait appris en regardant les séries télévisées. "Tous les pays solides le sont devenus après avoir vécu des guerres civiles, fait-elle remarquer tout en s'interrogeant: "Si tous les citoyens valables quittent le pays, comment est-ce qu’on le bâtira?"
Et l'optimisme est pour elle un moyen de survie: "Je me dis que, soit nous arrivons à éviter la catastrophe, soit ce sera encore pire qu’en Syrie (...) Personne ne survivra."
C’est la 3e guerre civile qui éclate depuis la chute du colonel Kadhafi, avec la menace d’une nouvelle dictature si le maréchal Haftar arrive à prendre le contrôle du pays. Et les habitants de Tripoli finissent presque par s'habituer à ces violences récurrentes.
"Tu te demandes si tu as raison de continuer à vivre malgré tout"
"Récemment, lorsque les combats étaient vraiment très violents juste à côté de chez nous, on est sortis manger une glace", raconte cette autre jeune mère de 27 ans. "Le café où nous étions était bondé. Et là, tu te questionnes vraiment sur ton sens des réalités. Tu te demandes si tu as raison de continuer à vivre malgré tout ou si tu ne ferais pas mieux d’avoir peur."
La population s'habitue en quelque sorte aux combats, même dans la peur permanente, tant qu'elle ne ressent pas une menace immédiate. Et sortir pour rencontrer des amis et boire des cafés, "c’est notre manière de résister", dit-elle.
La plus grande crainte, en fait, est que le maréchal Haftar réussisse à prendre la capitale. "Là, je fuirai", dit-elle, "que j’aie les moyens de fuir ou non."
L'homme fort de l'est du pays a du reste déjà réussi à réinstaurer le climat qui régnait sous Mouammar Kadhafi. La majorité des habitants de la capitale y sont opposés mais beaucoup n’osent déjà plus le dire, de peur de le payer s'il venait à l’emporter.
Maurine Mercier/oang
Les Emirats arabes unis impliqués dans le conflit?
Des experts de l'ONU enquêtent sur une possible implication militaire des Emirats arabes unis dans le conflit en Libye, après des tirs de missiles en avril avec des drones de fabrication chinoise équipant l'armée émiratie, selon un rapport auquel l'AFP a eu accès lundi.
Les missiles air-sol utilisés sont de type Blue Arrow, notent dans ce rapport confidentiel les experts, qui ont étudié des photos de fragments de ces armes après leur utilisation les 19 et 20 avril dans la banlieue sud de Tripoli.
Ces missiles sont en dotation dans trois pays - Chine, Kazakhstan et Emirats arabes unis - en étant couplés avec le drone de fabrication chinoise Wing Loong.
"Le groupe d'experts enquête sur l'utilisation probable de variantes du drone Wing Loong par l'ANL" du maréchal Khalifa Haftar, "ou par une tierce partie en soutien de l'ANL", précise le rapport. Il est "presque certain" que ces missiles n'ont pas été fournis directement par le fabricant ou par la Chine à la Libye, ajoutent les auteurs.
afp
Fayez al-Sarraj en quête de soutiens en Europe
Le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, entame mardi une tournée des principales capitales européennes pour y "réunir des soutiens contre l'agression" du maréchal Khalifa Haftar.
Le Premier ministre du GNA, gouvernement reconnu par la communauté internationale, rencontrera successivement le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte mardi matin, la Chancelière allemande Angela Merkel à Berlin dans la soirée, puis le président français Emmanuel Macron mercredi à Paris.