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Au Congo, les intérêts économiques bloquent la justice internationale

L'avocate Brigitte Lembwadio. [RTS]
L'invitée du 5h-6h30 (vidéo) - Deuxième partie - Brigitte Lembwadio, présidente du collectif RDCongolaise / La Matinale 5h - 6h30 / 7 min. / le 6 mai 2019
Présidente de l'association "Je suis RD Congolaise", l'avocate Brigitte Lebwadio déplore l'absence de mise en place d'une Cour pénale internationale en République démocratique du Congo. Les crimes sexuels, utilisés comme arme de guerre, y sont monnaie courante.

A l'age de six ans, Brigitte Lebwadio a quitté le Zaïre, devenu depuis la République démocratique du Congo (RDC), pour la Suisse. Première femme noire à devenir avocate dans notre pays, elle se bat depuis La Chaux-de-Fonds au sein de l'association "Je suis RD Congolaise" pour toutes les filles, mères et soeurs de son pays natal.

Le viol comme arme de guerre

Depuis vingt ans, les violences qui déferlent dans l'est du territoire ont fait des millions de victimes, notamment des femmes touchées par des viols de masse, utilisés comme arme de guerre. "Détruire le corps de la femme, son appareil reproducteur, c'est le moyen le moins coûteux de détruire un peuple. Ce n'est pas seulement le viol vu sous l'angle sexuel. C'est une véritable arme, pour laquelle les belligérants sont entraînés", dénonce Brigitte Lebwadio dans La Matinale.

La zone regorge d'or, de cobalt, de coltan. Sans ces matières, il n'y a pas de téléphones mobiles ou d'ordinateurs portables. Donc derrière ces rébellions, il y a des intérêts économiques.

Brigitte Lebwadio

Pour l'avocate, si divers groupes armés s'en prennent à la population de la RDC, spécialement dans la région sud-est du pays, c'est parce qu'elle abrite des richesses énormes. Une véritable bijouterie à ciel ouvert, selon les termes du prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege. "La zone regorge d'or, de cobalt, de coltan. Aujourd’hui, sans ces matières, il n'y a pas de téléphones mobiles ou d'ordinateurs portables. Donc derrière ces rébellions, il y a des multinationales, dont des suisses, et des intérêts économiques des puissances occidentales", analyse Brigitte Lebwadio.

Silence de la Suisse

"Notre plus grand cri, c’est de se demander ce que fait l'ONU au Congo. Elle y est présente mais n'intervient jamais. Elle ne fait que faire des rapports", constate-t-elle. "Sur la base de ces rapports, nous attendons désespérément la mise en place d’une Cour pénale internationale", poursuit Brigitte Lebwadio, qui croit en son efficacité. Selon elle, toutefois, sa mise en place est bloquée par les intérêts économiques dans la région.

Le silence de la Suisse au Congo l'interpelle, d'autant plus qu'elle est dépositaire des Conventions de Genève et héberge le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme. "Si la Suisse ne fait rien, quel autre pays peut le faire? Les intérêts économiques priment-ils sur les droits de l'homme?", achève l'avocate.

>> Ecouter le portrait de Brigitte Lebwadio dans La Matinale de la RTS :

Brigitte Lembwadio. [RTS]RTS
L'invitée du 5h-6h30 - Première partie - Brigitte Lembwadio, présidente du collectif RDCongolaise / La Matinale 5h - 6h30 / 14 min. / le 6 mai 2019

Sujet radio: Coraline Pauchard

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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