A l'age de six ans, Brigitte Lebwadio a quitté le Zaïre, devenu depuis la République démocratique du Congo (RDC), pour la Suisse. Première femme noire à devenir avocate dans notre pays, elle se bat depuis La Chaux-de-Fonds au sein de l'association "Je suis RD Congolaise" pour toutes les filles, mères et soeurs de son pays natal.
Le viol comme arme de guerre
Depuis vingt ans, les violences qui déferlent dans l'est du territoire ont fait des millions de victimes, notamment des femmes touchées par des viols de masse, utilisés comme arme de guerre. "Détruire le corps de la femme, son appareil reproducteur, c'est le moyen le moins coûteux de détruire un peuple. Ce n'est pas seulement le viol vu sous l'angle sexuel. C'est une véritable arme, pour laquelle les belligérants sont entraînés", dénonce Brigitte Lebwadio dans La Matinale.
La zone regorge d'or, de cobalt, de coltan. Sans ces matières, il n'y a pas de téléphones mobiles ou d'ordinateurs portables. Donc derrière ces rébellions, il y a des intérêts économiques.
Pour l'avocate, si divers groupes armés s'en prennent à la population de la RDC, spécialement dans la région sud-est du pays, c'est parce qu'elle abrite des richesses énormes. Une véritable bijouterie à ciel ouvert, selon les termes du prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege. "La zone regorge d'or, de cobalt, de coltan. Aujourd’hui, sans ces matières, il n'y a pas de téléphones mobiles ou d'ordinateurs portables. Donc derrière ces rébellions, il y a des multinationales, dont des suisses, et des intérêts économiques des puissances occidentales", analyse Brigitte Lebwadio.
Silence de la Suisse
"Notre plus grand cri, c’est de se demander ce que fait l'ONU au Congo. Elle y est présente mais n'intervient jamais. Elle ne fait que faire des rapports", constate-t-elle. "Sur la base de ces rapports, nous attendons désespérément la mise en place d’une Cour pénale internationale", poursuit Brigitte Lebwadio, qui croit en son efficacité. Selon elle, toutefois, sa mise en place est bloquée par les intérêts économiques dans la région.
Le silence de la Suisse au Congo l'interpelle, d'autant plus qu'elle est dépositaire des Conventions de Genève et héberge le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme. "Si la Suisse ne fait rien, quel autre pays peut le faire? Les intérêts économiques priment-ils sur les droits de l'homme?", achève l'avocate.
Sujet radio: Coraline Pauchard
Adaptation web: Vincent Cherpillod