"Le département des fraudes de la police a recommandé
l'inculpation du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman
sur lequel pèsent des accusations de blanchiment d'argent, de
pots-de-vin et d'entrave à la justice", a déclaré à l'AFP un
responsable de la police, sous couvert de l'anonymat.
Démission possible
Cette recommandation sera soumise dans les prochains jours au
procureur général de l'Etat, Menahem Mazouz, qui décidera s'il
inculpera ou non Avigdor Lieberman. Celui-ci ne devrait pas se
prononcer avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
En cas d'inculpation, Avigdor Lieberman, chef du parti
ultranationaliste Israël Beiteinou, sera contraint de quitter ses
fonctions. Il risquera en outre une peine macimale de 31 ans de
prison pour l'ensemble de ses délits. Objet d'une enquête de la
police depuis une dizaine d'années, Avigdor Lieberman a été entendu
à de nombreuses reprises par le département des fraudes de la
police qui le soupçonne de corruption, fraude, blanchiment
d'argent, abus de confiance, entrave à l'enquête et faux
témoignage. Les faits remontent jusqu'en 2000.
Selon des médias israéliens, il aurait notamment reçu de "très
importantes sommes d'argent en provenance de l'étranger" pour
financer ses campagnes électorales. Ces fonds auraient transité
grâce à des sociétés fictives et différents comptes bancaires.
Démenti
Avigdor Lieberman dément ces accusations et soutient que
l'enquête de la police est politiquement motivée. "Il n'y avait pas
de véritable raison pour ouvrir une enquête à mon sujet et si les
soupçons avaient un fondement quelconque, l'investigation n'aurait
pas continué pendant plus d'une décennie", a réagi le ministre à la
demande d'inculpation dans un communiqué.
"Depuis 13 ans, la police me persécute et à mesure que mon pouvoir
politique et celui de mon parti augmente, les tentatives pour me
détourner des activités publiques se sont accélérées", a-t-il
ajouté.
Originaire de l'ex-URSS, Avigdor Lieberman s'est taillé une
réputation d'"homme fort" prêt à expulser les Arabes israéliens qui
ne prêteraient pas allégeance à l'Etat hébreu. L'une de ses idées
phare est un échange de territoires peuplés d'Arabes israéliens
contre des parties de Cisjordanie. Dès son entrée en fonction, il
avait provoqué des remous en Israël et à l'étranger en adoptant des
positions dures vis-à-vis des Palestiniens et des Syriens.
afp/ap/mej
Un enquête qui s'est prolongée
Avigdor Lieberman, 51 ans, a été nommé à la tête de la diplomatie israélienne après la percée de son parti ultranationaliste aux élections législatives de février dernier, devenant le troisième parti d'Israël, avec 15 députés sur 120.
Depuis sa prise de fonction en avril, il a été interrogé cinq fois par la police.
Le 14 juillet, celle-ci avait indiqué que l'enquête sur une affaire de blanchiment d'argent concernant le ministre touchait à sa fin.
Le même jour, la chaîne publique israélienne avait cependant indiqué que la police avait d'ores et déjà présenté au procureur général de l'Etat, Menahem Mazouz, "un ensemble d'éléments permettant d'engager des poursuites pour blanchiment d'argent et entrave à la justice contre Avigdor Lieberman, sa fille Michal, et deux autres personnes".
Selon les médias, la fille de Lieberman est soupçonnée de détenir en son nom des comptes bancaires à Chypre qui auraient permis à son père de se livrer à des activités frauduleuses.
Ces fonds auraient transité par des sociétés-écrans et divers comptes, notamment pour financer les campagnes électorales du parti Israël Beiteinou.