Il se poursuivra bien mardi: le tribunal a rejeté les demandes de renvoi des avocats du maire LR de Levallois-Perret et de son épouse, toujours hospitalisée. Agée de 71 ans, cette dernière "a fait une tentative de suicide il y a quelques jours", "elle a craqué, comme on dit", a déclaré son avocat Pierre-Olivier Sur, en demandant d'emblée le report du procès. "Elle ne viendra pas à l'audience aujourd'hui car elle en est incapable".
Aux yeux des juges, l'absence d'Isabelle Balkany, 71 ans, n'empêche pas la tenue du procès car elle a "accepté d'être représentée par ses conseils".
Costume bleu marine
Tonitruant maire Les Républicains (droite) de Levallois-Perret, une riche commune de l'ouest parisien, Patrick Balkany, 70 ans, est arrivé sans dire un mot, escorté par ses avocats sous une nuée de caméras et dans le crépitement des flashs.
En l'absence de son épouse - première adjointe de la mairie - mais aussi des quatre autres prévenus, dont leur fils Alexandre, l'élu en costume bleu marine a pris place seul au premier rang d'une salle comble.
Ses avocats demandent également le renvoi du procès, théoriquement prévu pour six semaines. Patrick Balkany "a envie d'être auprès de sa femme", "c'est lui qui la découvre inanimée, qui la croit morte", a plaidé son avocat Eric Dupond-Moretti. Le couple encourt jusqu'à dix ans de prison et surtout des peines d'inéligibilité.
Les Balkany sont accusés de "blanchiment à grande échelle" entre 2007 et 2014: d'avoir dissimulé au fisc des revenus et un patrimoine "occultes" à hauteur "au minimum" de 13 millions d'euros, en particulier deux propriétés cachées derrière d'exotiques montages financiers.
Peignoirs brodés
La première, la villa Pamplemousse, acquise en 1997 par une société constituée au Liechtenstein par une fiduciaire suisse, est sise à Saint-Martin, aux Antilles.
La seconde propriété, la villa Dar Gyucy de Marrakech, est détenue depuis 2010 par une SCI marocaine propriété d'une société panaméenne, Hayridge. Les Balkany, habitués des lieux, ont constamment nié en être propriétaires. Mais les juges sont formels: ils sont les "seuls bénéficiaires" du riad, où des peignoirs brodés aux initiales "PB" ont été retrouvés.
afp/pym
Réseau de sociétés offshore
Les juges estiment que Patrick Balkany a été "à la tête d'un véritable réseau de sociétés offshore" mis en place dès la fin des années 1980, quand son ancien compère Didier Schuller déposait en Suisse des fonds occultes destinés à financer le RPR.
En 2016, le baron de la droite avait fini par admettre avoir détenu des avoirs non-déclarés en Suisse, un héritage selon lui. L'enquête a aussi mis au jour les fortes sommes en liquide utilisées par le couple, notamment plus de 87'000 euros payés dans une agence de voyages.