"Les perspectives de retrouver des survivants sont très
faibles", voire "infimes", a déclaré le président français Nicolas
Sarkozy. "Nous n'avons aucun élément précis sur ce qui s'est
passé", a ajouté le chef de l'Etat après une visite à l'aéroport de
Roissy à Paris, où il a rencontré les familles des victimes.
Si le crash se confirme, il s'agira de la plus grave catastrophe
pour la compagnie aérienne Air France, et l'une des plus
meurtrières de ces dernières années dans le monde.
61 Français, 58 Brésiliens et six Suisses
L'appareil transportait 61 Français et
58 Brésiliens, selon les derniers chiffres communiqués par la
compagnie française. Six Suisses figurent aussi sur la liste des passagers. La liste fait
également état de neuf Chinois, neuf Italiens, cinq Britanniques,
cinq Libanais, quatre Hongrois, trois Norvégiens, trois Slovaques,
trois Irlandais, deux Américains, deux Espagnols, deux Marocains,
deux Polonais, un Sud-africain, un Argentin, un Autrichien, un
Belge, un Canadien, un Croate, un Danois, un Estonien, un Gambien,
un Islandais, un Néerlandais, un Philippin, un Roumain, un Russe,
un Suédois et un Turc.
Air France a adressé "ses sincères condoléances aux familles et
aux proches des passagers et membres d'équipage" qui se trouvaient
à bord. Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, la compagnie
se dit "mobilisée" et "met tout en oeuvre pour soutenir les
familles et les proches"
Air France précise que le vol AF447, qui avait quitté Rio lundi à
19h locales (22h GMT) devait atterrir ce lundi à 11h15 (9h15 GMT)
sur l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, avait à son
bord 216 passagers et 12 membres d'équipage. On est sans nouvelles
de ce vol depuis 4h20 lundi matin, heure de Paris, selon le
secrétariat d'Etat aux Transports.
L'avion peut-être foudroyé
L'hypothèse la "plus vraisemblable" est que l'avion d'Air France
disparu lundi entre le Brésil et la France avec 228 personnes à
bord "a été foudroyé", a déclaré à la presse François Brousse,
directeur de la communication de la compagnie Air France. L'Airbus
a traversé "une zone orageuse avec fortes turbulences" à 2h GMT (4h
à Paris)" et un message automatique a été reçu à 2h14 (4h14 heure
de Paris) "indiquant une panne de circuit électrique, annonce par
ailleurs la compagnie dans un communiqué.
"Il y avait globalement sur la zone des perturbations tropicales
puissantes. Ce sont des appareils habilités à ce genre de
circonstances, mais il doit y avoir une accumulation de
circonstances", a auparavant déclaré le ministre français de
l'Ecologie et de l'Energie, Jean-Louis Borloo, dépêché à l'aéroport
de Roissy-Charles de Gaulle par le président "pour suivre au plus
près l'évolution de la situation".
Le secrétaire d'Etat français aux
Transports Dominique Bussereau a cependant estimé que "toute
hypothèse serait fausse et erronée". Il a invité à la "prudence"
sur les causes de la disparition de l'appareil. "Pour l'instant, on
n'en sait strictement rien. Toute hypothèse serait fausse et
erronée", a-t-il déclaré.
Un expert américain a de son côté jugé "hautement improbable" que
la foudre ait pu provoquer la chute de l'appareil. Il note que les
avions sont souvent touchés par la foudre mais disposent de
systèmes embarqués capables de dissiper l'électricité. L'immense
majorité des foudroiements d'avions se terminent sans dommage.
La zone de la catastrophe localisée
Une mission de recherches est en cours. L'Airbus a disparu à
environ 300km au nord-est de la ville de Natal. La zone où a
disparu l'Airbus a été localisée "à quelques dizaines" de milles
nautiques près, a affirmé le directeur général d'Air France lundi
en soirée.
"La catastrophe qui nous heurte tous s'est produite à mi-chemin
entre les côtes brésiliennes et les côtes africaines et la zone
concernée est cernée à quelques dizaines de milles nautiques près",
a déclaré Pierre-Henry Gourgeon. Un mille nautique est équivalent à
1,85 km. Un responsable a avoué que "les recherches vont prendre
beaucoup de temps". "Les boîtes noires doivent être au fond de
l'océan", a-t-il dit.
Aucune trace de l'appareil n'avait été repérée en début de soirée
et aucune de ses trois balises de détresse n'avait émis de signal,
"ce qui tendrait à prouver que la catastrophe a été très rapide", a
indiqué le Centre national d'études spatiales (Cnes).
Le président Nicolas Sarkozy a exprimé sa "très vive inquiétude".
Il a rencontré lundi après-midi à l'aéroport de Roissy-Charles de
Gaulle des proches des passagers. Nicolas Sarkozy avait auparavant
visité la cellule de crise mise en place à l'aéroport.
"Nous sommes face à un événement absolument dramatique, un
accident tragique", a-t-il dit, estimant qu'il s'agissait "d'une
catastrophe comme jamais la compagnie Air France n'en avait
connue". "Tout doit être mis en oeuvre pour qu'on retrouve un
maximum d'éléments de cet avion (...) pour comprendre ce qui s'est
passé", a-t-il demandé, tout en observant que ce serait
"extrêmement difficile car la zone est immense" et que le drame
"s'est produit en pleine nuit au-dessus de l'Atlantique".
Nicolas Sarkozy s'est aussi entretenu avec son homologue brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva pour lui exprimer "ses condoléances et sa
solidarité aux familles brésiliennes des passagers".
Selon Air France, le commandant de bord a 11'000 heures de vol et
a déjà effectué 1100 heures sur A330. Ses deux copilotes comptent
3000 heures de vol pour l'un et 6600 pour l'autre. Quant à l'avion,
il totalise 18'870 heures de vol et a été mis en service le 18
avril 2005. Sa dernière visite d'entretien en hangar date du 16
avril 2009.
Air France exprime son émotion
L'appareil transportait 228 personnes - 216 passagers dont 126
hommes, 82 femmes, sept enfants et un bébé, ainsi que douze membres
d'équipage. Air France partage l'émotion et l'inquiétude des
familles concernées et a mis en place un accueil spécial pour ces
familles". La compagnie a mis en place un numéro vert:
0-800-800-812 (00/33-1-57-02-10-55 pour l'étranger).
L'Airbus en question, l'A330-200, est un biréacteur long courrier
de moyenne capacité, récent et répandu. Plus de 600 exemplaires de
l'A330 ont été livrés et sont exploités dans le monde.
agences/cer
Les principaux accidents d'avion
Voici les accidents d'avion les plus graves - hors attentats et actes de guerre - survenus depuis le plus meurtrier, en 1977:
27 mars 1977: Canaries - une collision entre deux Boeing 747 sur l'aéroport de Tenerife fait 583 morts. Cette catastrophe reste la plus meurtrière de l'aviation civile.
25 mai 1979: Etats-Unis - un DC-10 d'American Airlines s'écrase au décollage à Chicago: 273 morts.
19 août 1980: Arabie Saoudite - 300 morts dans l'incendie d'un "Tristar" saoudien sur l'aéroport de Ryad.
12 août 1985: Japon - un Boeing 747 de la Japan Airlines s'écrase entre Tokyo et Osaka: 520 morts.
12 déc 1985: Canada - Un DC-8 d'Arrow Airlines s'écrase au départ de l'aéroport de Gandar (Terre-Neuve): 256 morts.
11 juil 1991: Arabie Saoudite - Un DC-8 de la compagnie canadienne Nationair explose peu après son décollage de l'aéroport de Djeddah: 261 morts.
26 avr 1994: Japon - un Airbus A300-600 de la compagnie taiwanaise China Airlines s'écrase sur l'aéroport de Nagoya: 264 morts.
8 jan 1996: Zaïre - un avion-cargo Antonov-32 s'écrase sur un marché près du centre de Kinshasa: plus de 300 morts.
17 juil 1996: Etats-Unis - un Boeing 747 de la TWA à destination de Paris explose au dessus de l'Atlantique après son décollage de New York après un cour-circuit: 230 morts.
12 nov 1996: Inde - Collision en vol à New Delhi entre un Boeing 747 saoudien et un Ilyouchine-76 kazakh: 349 morts.
26 sept 1997: Indonésie - un Airbus A300 de la compagnie indonésienne Garuda s'écrase dans le nord de Sumatra: 234 morts, sans doute à cause de de feux de forêt.
2 sep 1998: Canada - Crash du vol Swissair SR111 au sud-ouest d'Halifax, au large des côtes de la Nouvelle-Ecosse. Le McDonnell Douglas MD-11 HB-IWF sombre dans l'océan Atlantique: 229 morts, dont 215 passagers et 14 membres d'équipage.
31 oct 1999: Etats-Unis - Un Boeing 767 de la compagnie égyptienne Egyptair disparaît au large de la côte est des Etats-Unis: 217 morts.
12 nov 2001: Etats-Unis - un Airbus A-300 d'American Airlines s'écrase après son décollage sur le quartier du Queens à New York: 265 morts.
25 mai 2002: Taiwan - un Boeing 747-200 de la compagnie taïwanaise China Airlines s'abîme en mer: 225 morts.
19 fév 2003 - Iran - un avion militaire iranien Iliouchine s'écrase dans le sud-est de l'Iran: 275 morts.
17 juil 2007 - Brésil - un Airbus A320 de la compagnie TAM s'écrase contre
un bâtiment de l'aéroport Congonhas à Sao Paulo: 199 morts.
Le dispositif de recherche
Des recherches ont été engagées des deux côtés de l'Atlantique : des avions de reconnaissance français ont été mobilisés, notamment un qui a quitté Dakar, et de son côté, l'armée de l'air brésilienne a lancé tôt lundi matin des recherches à partir de l'île de Fernando de Noronha, au large de sa côte Nord-Est.
Sept avions et hélicoptères, ainsi que trois navires, participaient à ces recherches dans une zone située à plus de 1100 km au nord-est des côtes brésiliennes.
Un avion de la garde civile espagnole, parti de Dakar, s'est joint aux opérations de recherche.
La France a également demandé le concours des moyens satellitaires d'observation et d'écoute de l'armée américaine pour tenter de localiser l'avion, a-t-on appris dans l'entourage du ministre français de la Défense, Hervé Morin.