En pleines tensions commerciales avec Pékin, Donald Trump a déclaré une "urgence nationale" pour prendre ce décret qui était attendu et vise notamment le géant chinois des télécoms Huawei, depuis longtemps dans le collimateur des autorités américaines.
L'intéressé ne s'y est d'ailleurs pas trompé: ces "restrictions déraisonnables empiéteront sur les droits de Huawei", a dénoncé le groupe chinois. Elles ne feront en outre que "cantonner les Etats-Unis à des alternatives inférieures et plus coûteuses" en matière de 5G, la cinquième génération de télécommunications mobiles, a averti l'entreprise dans un communiqué. Huawei se présente comme "le leader sans rival de la 5G".
Selon la Maison Blanche, le décret est justifié par le fait que des "adversaires étrangers exploitent de façon croissante des vulnérabilités dans les services et les infrastructures technologiques de l'information et de la communication aux Etats-Unis".
"Manoeuvre déloyale"
Pour Pékin, il s'agit au contraire d'une manoeuvre déloyale faussant la concurrence. Le décret présidentiel assure répondre aux "actes malveillants favorisés par internet, dont l'espionnage économique et industriel au détriment des Etats-Unis et de sa population".
Il s'agit de la mesure la plus sévère prise par le gouvernement de Donald Trump contre le secteur technologique chinois en pleine expansion, en particulier dans les pays émergents d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie.
Affrontement économique
L'arrestation en décembre de la directrice financière de Huawei à Vancouver (Canada), à la demande de la justice américaine, a envenimé les choses. Meng Wanzhou est soupçonnée d'avoir menti à plusieurs banques pour que Huawei puisse accéder au marché iranien entre 2009 et 2014, en violation des sanctions américaines. Elle risque une extradition vers les Etats-Unis.
L'enjeu technologique domine actuellement la rivalité commerciale entre Pékin et Washington. Les deux premières économies mondiales s'affrontent par l'imposition mutuelle de droits de douane accrus depuis que Donald Trump a lancé les hostilités après avoir fait de la Chine une des cibles favorites de sa campagne présidentielle de 2016.
ats/cab
Abus de pouvoir dénoncé
Interrogées sur l'éventualité de l'adoption à Washington d'un tel décret, les autorités à Pékin avaient préalablement dénoncé un abus de pouvoir.
"Cela fait un certain temps que les Etats-Unis abusent de leur puissance pour jeter de façon délibérée le discrédit sur les entreprises chinoises et les refouler ainsi à tout prix, ce qui n'est ni juste, ni respectable", a commenté Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Il a accusé Washington de recourir au "prétexte de la sécurité nationale" pour empêcher les entreprises chinoises d'investir et de prendre des parts de marché aux Etats-Unis.