Près de 512 millions de citoyens des 28 Etats membres (y compris les Britanniques, puisque le Brexit n'est pas réglé) vont élire leurs représentants au Parlement européen dans une semaine.
Certains partis - nationalistes ou souverainistes, mais pas seulement - ne ménagent pas leurs critiques, évoquant régulièrement notamment l'aspect "technocratique" des décisions prises tant par la Commission européenne (exécutif) que par le Parlement européen.
Retour sur cinq ans de décisions
Et pourtant, un retour en arrière sur les cinq ans de la législature écoulée permet de mettre en évidence un certain nombre de décisions qui ont eu - ou auront - un impact très concret sur la vie quotidienne de tous les Européens.
Car l'Union européenne est une entité qui, notamment, défend et protège le consommateur. A l'exemple des frais d'itinérance (roaming, en anglais, lorsqu'on utilise son téléphone à l'étranger): ils ont été supprimés, sauf quelques rares exceptions, en 2017 au sein de l'UE.
Une autre législation touchant directement le citoyen est l'entrée en vigueur du règlement général de l'UE sur la protection des données (RGPD), une loi qui améliore sensiblement la protection des données personnelles.
En matière de protection de l'environnement et de la santé aussi, l'Europe va de l'avant. De nouvelles normes doivent ainsi faire baisser drastiquement les rejets de CO2 émis par les véhicules dès 2021 alors que cette même année verra également l'interdiction des produits en plastique à usage unique.
"Il manque un "imaginaire" européen"
Les électeurs, quoi qu'il en soit, ont bien de la peine à connaître avec précision le rôle de ceux qu’ils vont élire et c'est sans doute ce qui explique notamment le désintérêt de nombre d'entre eux pour la politique européenne.
Dans une récente édition du quotidien français Libération, le journaliste et écrivain Olivier Guez estimait que ce désintérêt était dû au fait que les citoyens européens n'ont pas le sentiment d'appartenir à une même famille et qu'il n'y a pas d'imaginaire européen.
"On ne forme pas de petits Européens", explique-t-il dans l'émission Forum. "Et c'est tout le problème de la construction européenne: on est arrivé à une étape intermédiaire, mais on n'arrive pas à la quitter. Il n'y a plus d'Etats-nations depuis une vingtaine d'années (...) mais on n'est pas allés plus loin. Il n'y a pas d'union politique et les citoyens continuent de réfléchir en tant que membres d'un Etat-nation et pas du tout d'un ensemble plus large."
Le quotidien d'un eurodéputé
Pour faire passer des décisions à Bruxelles, la résistance aux lobbies fait partie du quotidien de bon nombre d'eurodéputés. A l'exemple du socialiste français Eric Andrieu, qui plaide en faveur d’une réforme rapide et en profondeur de la Politique Agricole Commune (PAC) pour laquelle il est actuellement rapporteur. Il est aussi président de la commission sur le glyphosate et donc confronté directement aux pressions.
La correspondante de RTSinfo à Bruxelles Isabelle Ory l'a suivi dans son travail, entre Bruxelles et Strasbourg:
oang avec Antoine Silacci
Le courage européen face aux Etats-Unis
Les défenseurs de l'Europe revendiquent aussi des réussites et des courages face aux Etats-Unis, à qui Bruxelles réussit parfois à tenir tête de manière efficace.
Les bras de fer entre l'UE et les GAFA, ces grandes entreprises américaines du numérique, en sont un exemple: ils sont souvent à l'avantage de Bruxelles.
Ainsi, au niveau fiscal, Apple a été sommé par la Commission européenne de rembourser près de 15 milliards de francs d'arriérés d'impôts à l'Irlande.
Au niveau juridique, c'est Google qui a reçu pas moins de trois amendes en deux ans - d'un total de 9 milliards de francs - pour pratiques anti-concurrentielles.
Et la réforme européenne du droit d'auteur oblige désormais les plateformes de diffusion comme YouTube à mieux rétribuer les créateurs de contenus.
Les promesses tenues - ou pas - de Jean-Claude Juncker
Dans un article publié à la mi-mai, le quotidien français Le Monde a voulu savoir si le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker - porté au pouvoir par les grands partis européens en 2014 - avait tenu parole sur les priorités qu'il s'était fixées pour son mandat.
A son accession à la présidence de la Commission, il avait souligné que l'UE aurait pour devoir de "convaincre ses citoyens que les choses allaient changer" en tenant les promesses faites aux électeurs pendant la campagne des élections européennes.
Cinq ans plus tard, l'objectif n'est que partiellement atteint selon le bilan argumenté du journal mais aucune d'entre elles n'a pas du tout été tenue:
- Promesse d'accords commerciaux avec d'autres pays ou entités: verdict mitigé.
- Promesse de lutter contre le dumping social: verdict mitigé.
- Promesse de lutter contre l'évasion fiscale: verdict mitigé.
- Promesse de mieux surveiller des banques: verdict mitigé.
- Promesse de mieux protéger les données personnelles: tenue.
- Promesse d'abolir les frais de roaming téléphonique: tenue.
- Promesse de garantir la neutralité du net: tenue.
- Promesse de mieux lutter contre le changement climatique: verdict mitigé.
- Promesse de renforcer le poids de l'UE sur la scène internationale: verdict mitigé.
- Promesse d'une approche équilibrée des questions migratoires: verdict mitigé.
- Promesse d'améliorer la démocratie européenne: verdict mitigé.
- Promesse d'une pause dans l'élargissement de l'UE: tenue.