"Nous n'avons aucun élément à l'heure où je vous parle qui nous
permette de pouvoir dire le contraire", a dit Hervé Morin, ajoutant
que la France allait envoyer un sous-marin nucléaire d'attaque
(SNA) dans la zone probable du crash, à environ un millier de km de
la côte brésilienne.
Les équipements de détection du sous-marin pourraient aider à
retrouver les boîtes noires de l'appareil. Les premiers éléments de
l'enquête française ont mis en lumière des problèmes dans la mesure
des vitesses de l'avion, et poussé le constructeur Airbus à envoyer
une recommandation à tous ses clients sur les procédures à suivre
en cas d'incohérence des vitesses mesurées.
Parallèlement, à Paris, le parquet a ouvert une information
judiciaire pour "homicides involontaires" suite à la disparition du
vol AF447, a indiqué le parquet dans un communiqué. L'enquête a été
confiée à la juge d'instruction Sylvie Zimmerman.
"Incohérence" à propos des vitesses
L'A330
possédait différents calculateurs afin de mesurer la vitesse et "il
s'avère qu'il y avait une incohérence entre ces vitesses", a
expliqué une porte-parole du BEA, chargé de l'enquête technique
française sur la catastrophe. L'A330 avait transmis une série de
messages automatiques de maintenance, faisant notamment état de
différentes pannes de systèmes.
L'enquête a aussi permis de confirmer "la présence à proximité de
la route prévue de l'avion au-dessus de l'Atlantique" de phénomènes
orageux caractéristiques des régions équatoriales. "Il convient
d'éviter toute interprétation hâtive ou spéculation sur la base
d'informations parcellaires et non validées", souligne cependant le
Bureau, qui doit tenir une conférence de presse samedi matin.
Aucun débris récupéré
Les causes de la catastrophe restent d'autant plus difficiles à
élucider que les débris repérés mardi par l'armée brésilienne dans
l'Atlantique n'appartiennent pas à l'A330, contrairement à ce qui
avait été annoncé initialement par les autorités brésiliennes et
françaises.
"Jusqu'à présent, aucune pièce de l'avion n'a été récupérée", a
déclaré jeudi le directeur du département de contrôle de l'espace
aérien brésilien Ramon Cardoso. Quelques heures auparavant, il
avait pourtant annoncé que la Marine avait récupéré une pièce
provenant de la soute à bagages de l'appareil. Mais il a finalement
expliqué que cette pièce était "en bois" et qu'il "n'existait pas
de pièces en bois sur cet avion".
En outre, les mauvaises conditions météorologiques vendredi dans
la région où se concentrent les recherches rendent plus difficile
la visualisation de débris, selon le général Cardoso.
"Il n'y a aucune nouveauté. La visibilité est réduite et nous
avons choisi cinq zones pour faire la reconnaissance aérienne où la
visibilité est meilleure", a dit le général au cours d'un point de
presse. Il a précisé que "le périmètre des recherches" avait été
"élargi" car les courants marins et les vents déplacent les
débris.
Les familles des victimes sur place
Un petit
groupe de familles de victimes de l'Airbus d'Air France est arrivé
vendredi matin à Recife, en provenance de Rio, pour accompagner les
recherches au plus près. "Nous avons fait venir un pilote qui a
participé aux recherches visuelles des débris pour qu'il parle aux
familles et leur explique comment elles sont faites", a dit le
général Cardoso.
agences/lan
Les recherches continuent dans l'Atlantique
Les équipes ont axé leurs recherches sur le repêchage des débris repérés au cours des derniers jours très au large de l'île de Fernando de Noronha et non plus sur la recherche de survivants.
Pour la cinquième journée consécutive, une flotte de 11 avions et de navires devait reprendre sa chasse pour récupérer les débris de l'Airbus -et si possible localiser les boites noires- et lever le voile sur sa disparition inexpliquée.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, venu pour quelques heures à Rio exprimer sa solidarité aux familles endeuillées, a affirmé "qu'il faudra du temps" pour connaître les causes de la catastrophe.
"Il faudra du temps sans doute pour en savoir plus, la profondeur est immense", a-t-il dit en référence aux 3 à 4000 mètres de profondeur de l'océan Atlantique dans la zone où les débris de l'Airbus A330 ont été repérés.
A Rio, dans l'ancienne cathédrale, Brésiliens et Français se sont unis dans le deuil lors d'une cérémonie religieuse oecuménique en hommage aux victimes du vol Rio-Paris, en présence de membres des familles, de Bernard Kouchner et de son homologue brésilien Celso Amorim, ainsi que de plusieurs centaines de Brésiliens anonymes, souvent en pleurs.
Bernard Kouchner a ensuite rencontré la communauté française et s'est entretenu pendant plus d'une heure avec les familles avant de regagner Paris par le vol AF447.