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Netanyahu envisage un Etat palestinien démilitarisé

Benjamin Netanyahu refuse tout "gel" de la colonisation israélienne.
Le Premier ministre israélien évoque un Etat palestinien sous strictes conditions.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit prêt dimanche à la création d'un Etat palestinien, pour autant que celui-ci soit démilitarisé et qu'il reconnaisse Israël comme l'Etat du peuple juif. Des conditions fermement rejetées par les Palestiniens.

"Si nous obtenons ces garanties de démilitarisation et si les
Palestiniens reconnaissent Israël comme l'Etat du peuple juif,
alors nous parviendrons à une solution basée sur un Etat
palestinien démilitarisé au côté d'Israël", a affirmé Benjamin
Netanyahu lors d'un discours très attendu prononcé à l'université
Bar Ilan, près de Tel Aviv.



"A chacun son drapeau, à chacun son hymne (...) Le territoire
alloué aux Palestiniens sera sans armée, sans contrôle de l'espace
aérien, sans entrée d'armes, sans la possibilité de nouer des
alliances avec l'Iran ou le Hezbollah" libanais, a-t-il ajouté.

Une concession sans portée véritable

C'est la première fois que Benjamin Netanyahu accepte d'évoquer
la perspective d'un Etat palestinien, comme le réclame Barack
Obama. Lors de son discours au monde musulman le 4 juin, le
président américain avait pressé l'Etat hébreu d'endosser le
principe de "deux Etats pour deux peuples" et appelé à un gel total
de la construction dans les colonies de Cisjordanie.



Benjamin Netanyahu s'est permis d'avancer cette idée qu'il
refusait il y a encore trois mois, alors qu'il ne se sent pas
menacé au sein de sa coalition dominée par la droite. Ses
principaux partenaires sont d'accord avec la formule d'un Etat
palestinien démilitarisé, sans croire que cela soit réalisable.

Inflexible sur la décolonisation

Benjamin Netanyahu a toutefois fait la sourde oreille sur la
question des colonies. Il a affirmé ne pas souhaiter "faire
construire de nouvelles colonies ou confisquer de terres au profit
d'implantations existantes, mais il faut permettre aux habitants
des implantations de vivre normalement", une référence à
l'accroissement démographique.



Le premier ministre israélien a toutefois appelé les Palestiniens
à une reprise immédiate des pourparlers, sans conditions
préalables, et les Etats arabes à conclure la paix avec Israël. "Je
ne veux pas la guerre. Personne ne veut la guerre", a-t-il
lancé.



"La condition préalable est que les Palestiniens reconnaissent de
façon sincère et publique qu'Israël est le pays du peuple juif",
a-t-il dit. "Le coeur du conflit a toujours été le refus des Arabes
d'accepter l'existence d'un Etat juif", a-t-il ajouté.



Les pays arabes avaient refusé en 1947 de reconnaître la
résolution de l'ONU en faveur du partage de la Palestine entre
Israël et un Etat arabe. "Les retraits qu'Israël a opéré dans le
passé n'ont pas changé cette réalité", a-t-il dit en référence aux
attaques du Hezbollah après le retrait du Liban en 2000 et celles
du Hamas après le retrait de la bande de Gaza en 2005.

Israël doit rester un Etat juif

Benjamin Netanyahu a
d'ailleurs exhorté l'Autorité palestinienne à choisir "la voie de
la paix" et à "vaincre le Hamas". Benjamin Netanyahu a également
exclu un retour de réfugiés palestinien en Israël, affirmant que
leur problème devait être réglé "hors des frontières" de l'Etat
hébreu. "Leur retour va l'encontre du maintien d'Israël comme Etat
juif", a-t-il affirmé.



Israël se définit selon une loi fondamentale comme "Etat juif et
démocratique", tout en comptant 1,3 million de citoyens arabes. Il
s'agit des descendants des 160'000 Palestiniens restés sur leurs
terres après sa création. Ils représentent aujourd'hui 20% de sa
population.



Quelque 760'000 autres Palestiniens ont été poussés à l'exode lors
de la création de l'Etat d'Israël. Le sort de ces réfugiés et de
leurs descendants, au total près de 4,5 millions de personnes, est
la question la plus épineuse du conflit israélo-palestinien, Israël
refusant d'entendre parler d'un retour sur son territoire.



Un député du Likoud, le parti du premier ministre, Dani Danon a
qualifié le discours de "brillant". "Mais il comportait juste une
phrase misérable qui va conduire à la pose de la première pierre
d'un Etat palestinien".

Réactions contrastées du côté des colonies

Des représentants des colonies de peuplement israéliennes en
Cisjordanie occupée ont récusé dimanche soir les déclarations de
Benjamin Netanyahu en faveur d'un Etat palestinien
démilitarisé.



"Nous déplorons que le Premier ministre ait donné son accord à la
constitution d'un Etat palestinien démilitarisé alors que plus que
quiconque Netanyahu a expliqué au fil des années quelle menace
constituerait pour Israël un tel Etat, même démilitarisé", a
déclaré dans un communiqué le Conseil des implantations de Judée
Samarie (Cisjordanie).



Sur un ton plus radical, le comité des colonies du nord de la
Cisjordanie a dénoncé les propos du Premier ministre affirmant que
"la Terre d'Israël ne constitue pas une monnaie d'échange dont tel
ou tel gouvernement passager disposerait à sa guise", en référence
à la Cisjordanie.



En revanche des maires d'implantations urbaines de Cisjordanie se
sont félicités du fait que Benjamin Netanyahu se soit refusé dans
son discours à un gel de la colonisation, comme le réclame la
communauté internationale, qui estime que la construction en
Cisjordanie mine la perspective d'un Etat palestinien.



Près de 300'000 colons juifs vivent en Cisjordanie sans compter
près de 200'000 Israéliens installés à Jérusalem-est, annexée après
sa conquête en juin 1967.



agences/jeh

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L'Autorité palestinienne incrédule

L'Autorité palestinienne a accusé Benjamin Netanyahu de "torpiller" tous les efforts de paix après qu'il eut posé dans un discours une série de conditions à l'acceptation d'un règlement basé sur la création d'un Etat palestinien.

"Ce discours torpille toutes les initiatives de paix dans la région", a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

"Il entrave les efforts visant à sauver les processus de paix dans un clair défi à l'administration américaine", a-t-il ajouté.

Un autre proche collaborateur de Mahmoud Abbas, Yasser Abed Rabbo, a violemment critiqué Benjamin Netanyahu.

"Il a parlé d'un Etat palestinien en le vidant de sa substance en excluant un gel de la colonisation. En exigeant la reconnaissance du caractère juif d'Israël, il veut que les Palestiniens fasse partie du mouvement sioniste mondial", a déclaré Yasser Abed Rabbo à l'AFP.

"Il veut imposer un règlement ne tenant pas compte des droits des réfugiés et aux termes duquel Jérusalem ne sera pas la capitale du futur Etat palestinien et celui-ci ne jouira d'aucune forme de souveraineté", a-t-il ajouté.

"Il a employé les mots 'Etat palestinien' mais en fait il veut un protectorat israélien", a-t-il ajouté.

Washington salue un pas en avant

Washington a salué dimanche dans un communiqué "l'important pas en avant" constitué par le discours de Benjamin Netanyahu.

Barack Obama "est favorable à une solution à deux Etats, un Etat juif d'Israël et une Palestine indépendante, sur les terres historiques des deux peuples", ajoute le texte.

"Il croit que cette solution peut et doit assurer à la fois la sécurité d'Israël et satisfaire les aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat viable, et il salue le fait que Benjamin Netanyahu adopte cet objectif", poursuit la Maison Blanche.

Barack Obama "continuera de travailler avec toutes les parties Israël, l'Autorité palestinienne et nos partenaires du Quartette pour s'assurer qu'ils s'acquittent de leurs obligations et responsabilités pour aboutir à une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien et à une paix globale", souligne la Maison Blanche.

Ce discours est "un pas dans la bonne direction", a de son côté estimé la présidence tchèque de l'UE.

"Bien sûr, il y a certains autres éléments qui doivent être analysés, mais l'acceptation de l'Etat palestinien est là", a insisté le ministre tchèque des Affaires étrangères.