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En Autriche, valse politique à Vienne à l'approche des européennes

La série Europe Express à Vienne. L'Autriche au cœur de l'actualité avec le scandale qui secoue le gouvernement.
La série Europe Express à Vienne. L'Autriche au cœur de l'actualité avec le scandale qui secoue le gouvernement. / 19h30 / 2 min. / le 21 mai 2019
#EuropExpress (2/5). Chaque soir, du 20 au 24 mai, RTSinfo propose un reportage dans une capitale d'Europe, où trois journalistes se sont rendus en train à la rencontre des habitants et de leurs préoccupations. Deuxième arrêt: Vienne.

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas en Autriche. Début mai encore, le chancelier conservateur Sebastian Kurz semblait arrimé aux nationalistes de Heinz-Christian Strache, le chef de file du FPÖ, qu'il avait promu numéro deux de son gouvernement.

Sebastian Kurz au lancement de la campagne de son parti aux européennes le 4 mai 2019. [RTS - Juliette Galeazzi]
Sebastian Kurz au lancement de la campagne de son parti aux européennes le 4 mai 2019. [RTS - Juliette Galeazzi]

A 32 ans, ultra-populaire, le jeune prodige de la droite européenne lançait la campagne de son parti l'ÖVP, grand favori aux européennes, dans l'optimisme, promettant de transformer l'Europe pour la sauver. Trois jours ont suffi pour que la coalition qu'il avait formée fin 2017 avec l'extrême droite vole en éclats.

Epée de Damoclès

Après les révélations vendredi sur les liens présumés du vice-chancelier avec la Russie, Sebastian Kurz n'a pas tardé à prendre ses distances avec cet allié devenu embarrassant. Non content de la démission du vice-chancelier Strache, il a limogé lundi le ministre de l'Intérieur Herbert Kickl, sans doute la figure la plus controversée de son gouvernement. Mais tout fin stratège qu'il est, Sebastian Kurz avait-il prévu que cela entraînerait la démission en bloc de tous les ministres d'extrême droite?

En l'absence de motion de censure, les démissionnaires seront remplacés par des experts, à l'exception notoire de la cheffe de la diplomatie Karin Kneissl, qui reste en poste. Une telle situation affaiblit toutefois Sebastian Kurz qui devra gouverner avec une épée de Damoclès sur la tête jusqu'aux élections anticipées convoquées en septembre.

Le FPÖ pénalisé, mais...

Un local du FPÖ, le parti d'extrême droite en Autriche, à Vienne. [RTS - Juliette Galeazzi]
Un local du FPÖ, le parti d'extrême droite en Autriche, à Vienne. [RTS - Juliette Galeazzi]

Dans un tel contexte, les élections européennes passent au second plan à Vienne ces jours-ci. Le scrutin donnera néanmoins un bon indicateur de l'état dans lequel se trouve réellement le FPÖ après la diffusion de la vidéo tournée à Ibiza et compromettant son chef de file, Strache.

Selon le premier sondage depuis le début de la crise, l'extrême droite paie, assez logiquement, le prix du scandale des derniers jours. Et les conservateurs en profitent. Ils obtiendraient désormais 38% des intentions de vote, avec une avance de 12 points sur les sociaux-démocrates, dont la deuxième place paraît désormais assurée le 26 mai.

Le FPÖ a déjà commencé à se présenter comme victime

Michael Jungwirth, journaliste à la Kleine Zeitung

"Samedi, on pensait que le FPÖ était mort, mais la défaite ne sera peut-être pas si importante que cela dans les urnes", estime Michael Jungwirth, chef du service politique à la Kleine Zeitung. "Aujourd'hui, on s'aperçoit que la tentative de normalisation du FPÖ n'a pas marché. Les membres du parti ont déjà renoué avec la rhétorique d'avant leur entrée au gouvernement. Ils parlent déjà comme s'ils étaient dans l'opposition", note encore le journaliste.

Grands-mères militantes

Monika Salzer, à l'origine du collectif "Omas gegen Rechts". [RTS - Juliette Galeazzi]
Monika Salzer, à l'origine du collectif "Omas gegen Rechts". [RTS - Juliette Galeazzi]

Début mai, les affiches pour la campagne électorale étaient nombreuses dans les rues de Vienne. Signe d'un fort engagement citoyen, mais symptomatique aussi d'une certaine tension politique. Car l'alliance mise en place par Sebastian Kurz avec l'extrême droite a clivé la société autrichienne.

Avec son collectif Omas gegen Rechts, Monika Salzer manifeste chaque jeudi soir depuis fin 2017 pour dénoncer la droitisation de la société. "Il se passe des choses en Europe, et en Autriche aussi, qu'on ne pensait jamais revoir", explique la sexagénaire dynamique, installée au Café Landtmann, une institution à Vienne. Derrière ses lunettes rouges, elle fait ainsi une allusion à peine voilée à l'élu FPÖ qui a récemment comparé les migrants à des rats. "L'extrême droite est là pour détruire", alerte-t-elle.

Avec l'Ibizagate, sa voix a trouvé un nouvel écho. Samedi, ils sont des milliers à être descendus spontanément dans la rue pour dénoncer l'extrême droite qui, malgré les efforts, n'a pas réussi à faire oublier ses origines nazies.

>> Les explications dans le 19h30 de Stephen Mossaz :

Stephen Mossaz: "Avec ce séisme politique, si l'opposition jubile, c'est surtout un sentiment de consternation qui domine."
Stephen Mossaz: "Avec ce séisme politique, si l'opposition jubile, c'est surtout un sentiment de consternation qui domine." / 19h30 / 3 min. / le 21 mai 2019

>> Toute la série EuropExpress : De l'Italie à la Pologne, voyage en train dans l'Europe des populistes

Juliette Galeazzi, avec Stephen Mossaz et Tristan Dessert

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