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Toujours plus de cyclones? Pas si sûr

Les dégâts laissés par le cyclone Larry en Australie, en mars 2006
Les dégâts laissés par le cyclone Larry en Australie, en mars 2006
Le réchauffement climatique rend-il inéluctable une augmentation de la fréquence des cyclones? Le débat fait rage chez les scientifiques, qui commencent à peine à comprendre la genèse de ces phénomènes qui ravagent régulièrement les zones tropicales.

Entre 1971 et 1994, un ou deux cyclones majeurs étaient
enregistrés chaque année sur l'Atlantique nord. De 1995 à 2005, on
a dépassé les quatre. 2005 a battu tous les records, avec pas moins
de 15 cyclones recensés, dont Katrina (1500 morts aux Etats-Unis)
et Stan (2000 morts au Guatemala).

«Un cyclone est une machine thermique qui pompe la chaleur dans
l'océan et la redistribue dans l'atmosphère. Pour autant, établir
un lien direct entre réchauffement et augmentation du nombre des
cyclones est une vue extrêmement simpliste», affirme Franck Roux
(Laboratoire d'aérologie de Toulouse).



Les scientifiques qui défendent cette thèse s'appuient sur les
données concernant l'Atlantique, mais cette région ne contribue que
pour 15% au nombre total de cyclones. Dans le Pacifique, la région
la plus affectée, la fréquence des cyclones est en revanche en
diminution, note Franck Roux.

Retour à la normale?

Les scientifiques expliquent que le réchauffement a aussi pour
conséquence un renforcement des cisaillements verticaux de
l'atmosphère. Parce qu'ils soufflent dans différentes directions à
différentes altitudes, ces vents peuvent déchiqueter les jeunes
tempêtes avant qu'elle ne prennent de l'ampleur. Pour James Elsner
(Florida State University), qui s'exprime dans le dernier numéro de
la revue «Nature», «le cisaillement vertical est plus important que
la température des océans dans la modulation de l'activité des
cyclones».



En étudiant la croissance des coraux, l'équipe menée par Johan
Nyberg (Geological Survey of Sweden) a pu reconstituer l'activité
cyclonique des 270 dernières années. Elle en a déduit que la
période actuelle pourrait en fait marquer un retour à la normale,
après le calme exceptionnel des années 60 à 90.



Une autre étude de paléoclimatologie, due à Jeffrey Donnelly
(Woods Hole Oceanographic Institution), relève que l'activité
cyclonique était intense il y a deux cents ans, pendant le «petit
âge glaciaire». Or les eaux océaniques étaient alors plus froides
de deux degrés qu'elles ne le sont aujourd'hui.

El Nino

Pour Jeffrey Donnelly, la corrélation est en revanche
«frappante» entre les phases d'activité cyclonique soutenue et la
survenue d'El Nino, un réchauffement cyclique des eaux du Pacifique
central et oriental, qui perturbe les échanges de chaleur et
d'humidité entre l'océan et l'atmosphère. En intensifiant les
cisaillements de vent, El Nino tue les cyclones dans l'oeuf.



Un lien manifeste existe aussi entre l'intensité de la mousson qui
arrose l'Afrique sahélienne et la genèse des cyclones de
l'Atlantique. Or ces deux phénomènes restent encore aujourd'hui
très mal compris. Les cyclones jouent enfin un rôle important, mais
jusqu'ici sous-estimé, dans la redistribution de la chaleur de
l'atmosphère vers les froides profondeurs des océans. Ils
pourraient ainsi recycler 15% de l'énergie de l'atmosphère,
avancent Matthew Huber et Ryan Sriver (Université Purdue).



Les vents du cyclone, puissants et circulaires, fonctionnent en
effet comme les lames d'un mixer, entraînant les eaux de surface
vers le fond de l'océan. «Le brassage des eaux provoqué par les
cyclones pourrait donc avoir pour effet de stabiliser les
températures tropicales», affirment les deux scientifiques.



afp/sun

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Réchauffement: 1ères mesures au Brésil

Le gouvernement de l'Etat d'Amazonas a promulgué cette semaine, pour limiter la déforestation massive de l'Amazonie, la première loi sur le changement climatique au Brésil, quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre de la planète.

La déforestation est responsable pour les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre au Brésil. L'Etat de l'Amazonas recouvre une surface de 1,5 million de km2, soit 33% de la forêt amazonienne.

Un rapport récent du ministère brésilien de l'Environnement a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique en Amazonie.

"Si la frontière agricole et l'industrie du bois continuent leur progression au rythme actuel, la surface recouverte par la forêt amazonienne passera de 5,2 millions à 3,2 millions de km2 en 2050".

Selon les pronostics les plus pessimistes, les températures pourraient grimper de 8 degrés dans la centaine d'années à venir.

La nouvelle loi prévoit l'instauration d'une rémunération pour les populations locales qui oeuvrent à la préservation de leur habitat et à la réduction de la déforestation.

Le financement de cette "bourse forêt" sera assuré par un fonds spécial: les entreprises privées ou les pays polluants pourront y investir et recevront en contrepartie un "crédit de carbone" garantissant la préservation de la forêt amazonienne.

L'un des objectifs du gouvernement de l'Etat d'Amazonas est de parvenir à inclure la réduction de la déforestation dans le futur accord international qui se substituera au protocole de Kyoto. L'Amazonas souhaite que le fonds s'élève à 300 millions de dollars (30 millions de dépenses annuelles).

Quelque 8500 familles devraient en bénéficier cette année et l'objectif est d'atteindre les 60'000 familles en 2010.