Les premiers corps des victimes de l'accident de l'Airbus d'Air
France sont arrivés mardi matin sur l'île de Fernando de Noronha, à
360 km de la côte brésilienne, à bord de deux hélicoptères de
l'armée. Au total, seize corps enveloppés dans des sacs ont été
débarqués, un à un sur un brancard, par des militaires portant des
blouses, des masques et des gants chirurgicaux.
Par ailleurs, les navires militaires brésiliens et français
présents sur la zone ont récupéré jusqu'ici de nombreux de débris
de l'Airbus A330 d'Air France qui s'est abîmé dans l'océan avec 228
personnes à bord dans la nuit du 31 mai au 1er juin pour des
raisons encore inconnues.
Outre la queue de l'avion, les équipes de recherche ont aperçu
deux sièges et d'autres débris portant le logo Air France et
récupéré des dizaines de composants structurels de l'appareil.
Elles avaient déjà repêché des fragments d'aile, ainsi que des
sièges, des masques à oxygène et des objets personnels tels un sac
à dos, une mallette. "Nous naviguons sur une mer de débris", a
déclaré un membre de l'équipage de la frégate Constituiçao au
quotidien O Globo.
Rendre les corps aux familles
Les seize corps transférés à Fernando de Noronha pour des
expertises préliminaires d'identification seront ensuite
transportés à l'Institut médicolégal de Recife. Interpol a annoncé
mardi qu'elle participerait à ces opérations consistant à collecter
des informations post-mortem tels que des empreintes digitales,
tatouages, implants chirurgicaux et radiographies dentaires.
L'armée brésilienne a annoncé lundi que douze corps
supplémentaires avaient été retrouvés lundi, portant à 28 le nombre
de corps récupérés. Les nouveaux corps ont été retrouvés dans la
zone où 16 corps avaient été récupérés depuis samedi, à environ
640km au nord-est de l'archipel de Fernando de Noronha, au large de
la côte nord du Brésil, et environ 70km de la position depuis
laquelle l'avion avait envoyé des messages signalant des pannes
électriques et une dépressurisation de la cabine.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a promis que son
pays ferait tout son possible pour récupérer les corps et les
rendre à leurs familles. "Nous savons combien il est important pour
les familles de récupérer l'être cher", a-t-il déclaré lundi dans
son émission hebdomadaire radiophonique.
A la recherche des boîtes noires
Les efforts se portent en particulier
sur la localisation des boîtes noires, dont les enregistrements
devraient permettre de percer le mystère de la catastrophe. Le
sous-marin nucléaire français "Emeraude", attendu dans la zone de
recherches mercredi, tentera avec ses puissants sonars de "repérer
les signaux émis par les boîtes noires", a expliqué lundi le
capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, porte-parole de
l'état-major des armées françaises.
Le navire océanographique français "Pourquoi pas" est lui aussi en
route vers le secteur du crash, avec la mission de récupérer les
enregistreurs "dès lors que l'Emeraude aura localisé leur position
précise", selon le porte-parole.
Par ailleurs, deux engins de la marine américaine capable de
détecter des balises de secours à plus de 6000 mètres de profondeur
devaient être acheminés au Brésil avec une équipe de la Navy, selon
le Pentagone. Elles seront utilisées par des navires dans la zone
de recherche pour tenter de localiser les boîtes noires,
programmées pour émettre des signaux pendant au moins 30
jours.
La frégate "Ventôse" est de son côté arrivée sur zone dimanche et
s'est immédiatement mise au travail sous commandement brésilien, en
coordination avec les trois navires brésiliens qui dirigent les
opérations.
Les recherches se concentrent sur une zone au milieu de
l'Atlantique de plusieurs centaines de kilomètres carrés, à 650
kilomètres au nord-est de l'archipel brésilien de Fernando de
Noronha, qui est situé au large de la côte nord du Brésil.
ap/bri
Nouvelles sondes chez Air France et Swiss
"Tous les vols d'A330/340 d'Air France seront équipés d'au moins deux sondes remplacées à partir de mardi, c'est-à-dire que les avions seront tous modifiés aujourd'hui, ils vont l'être même si cela génère des retards", affirme une source syndicale, à la suite d'une réunion de la direction d'Air France et des syndicats.
En l'état actuel de l'enquête, il n'y a pas encore de lien établi entre ces sondes et l'accident de l'A330 d'Air France entre Rio et Paris survenu le 1er juin, mais simplement un lien possible.
Les sondes "pitot" pourraient avoir joué un rôle dans la catastrophe en fournissant des indications de vitesse erronées. C'est ce qui ressort des messages envoyés par l'Airbus du vol AF 447 avant sa disparition lundi dernier au-dessus de l'Atlantique.
Le syndicat Alter avait invité lundi soir les pilotes d'Air France à refuser de voler dans des Airbus A330 ou A340 dont les sondes de vitesse n'étaient pas modifiées. Il avait aussi déploré que la direction n'ait pas pris la décision d'immobiliser les A330 et A340 non encore équipés de nouveaux modèles.
La compagnie aérienne Swiss va elle aussi remplacer les sondes Pitot utilisées sur ses Airbus A330-200, a annoncé mardi son porte-parole Franco Gullotti. Huit avions sont équipés de telles sondes.
Cette mesure a été prise volontairement. Ni Airbus ni l'agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) n'ont exigé des compagnies aériennes qu'elles remplacent les sondes mises en cause.
Swiss utilise ces appareils de mesure depuis dix ans. Pour l'heure, un seul incident a été signalé. Il s'était produit en 2007, par temps d'orage. Swiss et Airbus ont étudié ce cas et sont parvenus à la conclusion qu'il s'agissait d'un incident isolé.