"C'est à 14H30 (12H30 GMT) que l'équipe médicale m'a informé,
ainsi que les officiels et membres de la famille présents, que le
président de la République, chef de l'Etat, Omar Bongo Ondimba,
venait de rendre l'âme des suites d'un arrêt cardiaque", indique ce
message.
Selon la Constitution gabonaise, le président du Sénat,
actuellement Rose Francine Rogombé, doit assurer la transition
jusqu'à un scrutin à programmer au plus tard 45 jours après le
constat de la vacance du pouvoir.
Incertitudes sur son état de santé
Après 41 ans de pouvoir sans partage, la succession de ce
dinosaure s'annonce d'autant plus difficile que le président n'a
jamais désigné de successeur pour prendre la tête du pays, dans une
situation économique et sociale mauvaise.
L'incertitude sur l'état du président gabonais avait persisté
toute la journée. Sa mort avait d'abord été annoncée dimanche soir
par une source proche du gouvernement français, confirmant une
information du site internet de l'hebdomadaire français Le Point. Mais lundi matin, le Premier ministre
gabonais a démenti l'information, affirmant qu'il était "bien en
vie" après lui avoir "rendu visite dans la matinée" à la clinique
Quiron. Une source informée en Espagne, consultée lundi matin par
l'AFP, avait indiqué sous couvert de l'anonymat que le président
gabonais était dans un état "grave, voire très grave" et qu'il
pourrait être rapatrié sous peu à Libreville par avion
médicalisé.
Finalement quelques heures plus tard deux médias espagnols, le
journal catalan La Vanguardia et l'agence Europa Press, citant des
sources anonymes proches de son entourage, révélaient la mort du
président gabonais lundi après-midi. Ce qui fut confirmée peu après
officiellement.
Hospitalisé à Barcelone
Les autorités gabonaises avaient
jusque-là soutenu que le président Bongo Ondimba avait été
hospitalisé à Barcelone pour un simple "bilan de santé approfondi
et des soins appropriés". D'autres sources interrogées par l'AFP
avaient au contraire indiqué qu'il se trouvait dans un état
"grave", soigné pour un cancer intestinal.
Le 6 mai déjà, alors qu'il n'avait plus été vu en public depuis
plusieurs jours, la présidence avait annoncé à la surprise générale
qu'il suspendait ses activités pour se reposer et faire le deuil de
son épouse, Edith Lucie, décédée le 14 mars.
Après l'annonce de son décès dimanche soir depuis la France, son
Premier ministre avait indiqué que le Gabon allait protester
officiellement auprès de Paris pour dénoncer les "dérives répétées
de la presse française" sur l'état de santé du président
gabonais.
Dans la matinée, l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier
Roisin, a été convoqué au ministère gabonais des Affaires
étrangères qui lui a transmis une protestation verbale.
agences/lan
Symbole de la "Françafrique"
A Libreville, on avait noté dès lundi matin une présence militaire et policière en différents points clés de la ville, notamment devant la télévision publique ou encore sur la voie expresse qui entoure la capitale.
Les communications, en particulier internet, étaient perturbées, mais l'activité était normale dans la matinée.
Jadis considéré comme un petit eldorado pétrolier africain, le Gabon, exportateur de matières premières et importateur de biens manufacturés, est touché de plein fouet par la crise, victime de longues années d'une gestion sans diversification de l'économie, et gangrené par la corruption.
Les mouvements de grève dans la fonction publique se sont multipliés avec un risque d'explosion sociale.
Le Gabon est composé d'une constellation de petites ethnies dont la plus importante est celle des Fangs (40%). Le président Bongo avait réussi à instaurer un savant équilibre des pouvoirs entre ces ethnies, et sa mort risque de changer la donne même si, selon les experts, des violences ethniques sont peu probables.
Omar Bongo était l'un des symboles de la "Françafrique", cette relation complexe entretenue entre Paris et ses anciennes colonies d'Afrique, où se mêlent raison d'Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes.