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Trois Français condamnés à mort en Irak pour leur appartenance à Daech

Les Français condamnés à mort auraient combattu pour Daech (photo prétexte). [REUTERS - Rodi Said]
Les trois djihadistes français ont été condamnés à la peine capitale par la cour de Bagdad. / Le Journal horaire / 25 sec. / le 26 mai 2019
La cour de Bagdad a condamné à mort dimanche trois ressortissants français pour appartenance au groupe Etat islamique. Ils avaient été arrêtés en Syrie avant d'être transférés en Irak en février, avec neuf autres Français.

Selon la loi irakienne, qui prévoit la peine capitale pour quiconque a rejoint une organisation classée terroriste, qu'il ait combattu ou non, les trois hommes ont 30 jours pour faire appel. Jusqu'ici, trois autres Français avaient déjà été reconnus coupables d'avoir rejoint l'EI en Irak, mais ils avaient été condamnés à la prison à perpétuité, équivalente à 20 ans de détention en Irak. La peine de mort annoncée dimanche pour ces trois nouveaux condamnés est inédite pour des ressortissants de ce pays.

Ce verdict pourrait relancer le débat sur l'épineuse question du retour des djihadistes, qui suscitent un vif rejet dans l'opinion publique en Europe.

>> Regarder le sujet du 19h30 à ce propos :

Le sort des djihadistes de retour de Syrie divise en France
Le sort des djihadistes de retour de Syrie divise en France / 19h30 / 2 min. / le 4 décembre 2017

Contacté à Paris, l'avocat de l'un des trois condamnés a dénoncé une justice expéditive. "On condamne à la peine capitale un ressortissant français, sur la base uniquement d'une série d'interrogatoires passés dans des geôles de prison à Bagdad. Le ministère des Affaires étrangères nous avait pourtant garanti que les Français auraient tous droit à un procès équitable même en Irak", a-t-il déclaré à l'AFP, alors que les défenseurs des droits de l'homme dénoncent "de vrais risques de torture" et "aucune garantie pour des procès équitables".

Radicalisés dès le début des années 2000

Son client a fait partie, au début des années 2000, des personnes les plus actives sur le site djihadiste francophone de référence d'alors, Ansar Al-Haqq. En juillet 2015, sous contrôle judiciaire pour son activité sur ce site, il est parti avec sa femme et leurs deux enfants à Mossoul d'abord (Irak), puis en Syrie, selon les enquêteurs français.

Mais il est surtout connu des services de renseignement pour avoir co-fondé une association qui contribuait à radicaliser des prisonniers sous couvert d'aide aux détenus.

Déjà condamnés en France

Le deuxième condamné à mort, qui a déclaré au juge "regretter" d'avoir rejoint l'EI, a été arrêté en Syrie avec sa famille, après y être entré illégalement via la Turquie. Il a assuré au juge avoir ensuite été transféré à Mossoul, la "capitale" de l'EI en Irak, pour y être hospitalisé après une blessure reçue au ventre lors de la bataille de Kobané, et ne pas y avoir combattu. Son épouse est une nièce des frères Clain, qui avaient revendiqué les attentats de novembre 2015 à Paris avant d'être tués récemment en Syrie.

>> Plus de détails à ce sujet : Les deux frères Clain, membres du groupe EI, ont été tués en Syrie

Le troisième a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité de l'EI menée par un ancien légionnaire français. Cette "cellule de combattants européens" aurait compté jusqu'à 300 membres, selon les autorités américaines. Tous trois étaient en lien avec d'autres djihadistes français morts ou capturés en Syrie ou en Irak. Deux d'entre eux ont en outre déjà été condamnés en France, en leur absence, à des peines de prison pour leurs activités djihadistes.

afp/vic

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L'Irak propose de faire le travail

Neuf autres Français doivent encore être jugés en Irak. Récemment, Bagdad, qui a déjà condamné plus de 500 étrangers pour appartenance à l'EI, s'est proposé de juger également le millier d'étrangers actuellement aux mains des Kurdes en Syrie.

L'Irak demande pour cela à leur Etats d'origine une somme de plusieurs millions de dollars pour couvrir les frais de justice et d'incarcération.