Un fidèle de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, accède au
ministère de l'Intérieur, dans un jeu de chaises musicales entre
ténors de la majorité de droite. Michèle Alliot-Marie se voit
confier le ministère de la Justice, où elle remplace Rachida Dati,
élue au Parlement européen et qui a incarné longtemps la volonté de
promotion des minorités de Nicolas Sarkozy.
Ce remaniement intervient après le succès du parti au pouvoir,
l'UMP (droite), aux élections européennes et au lendemain d'un
grand discours programme prononcé par Nicolas Sarkozy devant le
Parlement réuni à Versailles, près de Paris. Il est censé marquer
le début du deuxième acte du mandat de Nicolas Sarkozy, élu pour
cinq ans en mai 2007.
Mitterrand à la Culture
Mais l'une des arrivées les plus commentées a été celle de
Frédéric Mitterrand, 61 ans, au ministère de la Culture, en
remplacement de Christine Albanel. La décision relève plus du
symbole que d'une réelle ouverture à gauche, le neveu de l'ancien
président socialiste (1981-1995) étant inclassable en
politique.
Deux ans après avoir adhéré au Mouvement des radicaux de gauche
(MRG), il apportait en mai 1995 son soutien à Jacques Chirac,
candidat de droite à la présidence de la République.
"Un Mitterrand n'en vaut pas un autre", a réagi le député
socialiste Pierre Moscovici. Pour l'ancienne ministre de François
Mitterrand, Elizabeth Guigou, "Sarkozy fait des coups pour créer la
confusion, il ne faut pas se laisser prendre à ce jeu".
Homme de télévision, cinéma, littérature, Frédéric Mitterrand
avait été nommé en septembre 2008 à la tête du prestigieux centre
culturel français à Rome, la Villa Médicis.
Rama Yade aux Sports
"Au total, huit ministres ont quitté le gouvernement et huit
sont nommés", a déclaré le secrétaire général de la présidence,
Claude Guéant, qui a lu la composition du gouvernement sur le
parvis du palais de l'Elysée.
Les titulaires des deux ministères clé en période de crise, la
ministre de l'Economie Christine Lagarde et celui des Affaires
étrangères Bernard Kouchner, restent en place.
Autre symbole de la diversité, Rama Yade, d'origine sénégalaise et
benjamine à 32 ans du gouvernement, quitte le secrétariat d'Etat
aux Droits de l'Homme, très en vue, pour le portefeuille des
Sports.
Très populaire, Rama Yade avait provoqué la colère de Nicolas
Sarkozy, son mentor en politique, en déclinant sa proposition de se
porter candidate aux récentes élections européennes. Son
portefeuille, dont la création avait été qualifiée d'"erreur" par
Bernard Kouchner, a été supprimé.
Sarkozy poursuit son "ouverture"
Une autre femme, d'origine maghrébine, Nora Berra, fait son
entrée au gouvernement. Ce médecin né en 1963, eurodéputée de
l'UMP, a été nommé secrétaire d'Etat "chargée des aînés".
Nicolas Sarkozy a, du reste, poursuivi sa politique "d'ouverture"
à des ministres étrangers à son camp politique, en nommant le
sénateur centriste Michel Mercier, trésorier du Mouvement démocrate
(MoDem) de François Bayrou. Il a été nommé ministre de l'Espace
rural et de l'Aménagement du territoire.
Aux Affaires étrangères, un autre
changement a été annoncé: Bruno Le Maire quitte le secrétariat
d'Etat aux Affaires européennes pour l'Agriculture. Ses
attributions reviennent à l'actuel représentant français pour
l'Afghanistan et le Pakistan, Pierre Lellouche.
Xavier Darcos quitte lui l'Education nationale comme il le
souhaitait et prendra la charge du ministère du Travail, à la tête
duquel il retrouvera les partenaires sociaux avec lesquels il a eu
des relations tendues. Luc Chatel prend le galon attendu et devient
ministre de l'Education nationale tout en restant porte-parole du
gouvernement.
Henri de Raincourt sera lui chargé des Relations avec le
Parlement. Marie-Luce Penchard a été nommée secrétaire d'Etat à
l'Outre-mer à la place d'Yves Jégo, remercié après la crise sociale
aux Antilles.
afp/sbo
Le nouveau gouvernement de François Fillon
(en gras, les changements de ministère; marqués d'une étoile (*), les nouveaux venus)
- Jean-Louis BORLOO, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer
- Michèle ALLIOT-MARIE, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés
- Bernard KOUCHNER, ministre des Affaires étrangères et européennes
- Christine LAGARDE, ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi
- Brice HORTEFEUX*, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des collectivités territoriales
- Patrick DEVEDJIAN, ministre chargé de la mise en oeuvre du plan de relance économique
- Valérie PECRESSE, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
- Hervé MORIN, ministre de la Défense
- Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre de la Santé, des Sports et de la Vie associative
- Eric BESSON, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire
- Xavier DARCOS, ministre de Travail, des Relation sociales, de la Famille et de la Solidarité
- Eric WOERTH, ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique, et de la Réforme de l'Etat
- Luc CHATEL, ministre de l'Education nationale, porte-parole du gouvernement
- Bruno LE MAIRE, ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche
- Frédéric MITTERRAND*, ministre de la Culture et de la Communication
- Michel MERCIER*, ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire
- Henri DE RAINCOURT*, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement
- Christian ESTROSI*, ministre auprès de la ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, chargé de l'Industrie
Les secrétaires d'Etat:
Laurent WAUQUIEZ (Emploi), Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET (Prospective), Dominique BUSSEREAU (Ecologie), Fadela AMARA (Politique de la Ville), Alain MARLEIX (Intérieur), Anne-Marie IDRAC (Commerce extérieur), Alain JOYANDET (Coopération et Francophonie), Chantal JOUANNO (Ecologie), Valérie LETARD (Ecologie), Jean-Marie BOCKEL (Justice et Libertés), Hervé NOVELLI (Commerce), Rama YADE (Sports), Hubert FALCO (Défense), Nadine MORANO (Famille), Pierre LELLOUCHE* (Affaires européennes), Nora BERRA* (Aînés), Benoist APPARU (Logement), Marie-Luce PENCHARD* (Outre-mer), Christian BLANC (Développement de la région capitale), Martin HIRSCH (haut commissaire).