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Pays en guerre contre les enfants soldats

Les combats au Sri Lanka entraînent le recrutement de mineurs
Les combats au Sri Lanka entraînent le recrutement de mineurs
Cinquante-huit pays se sont engagés mardi à Paris, pour la première fois, sur un ensemble de mesures pour empêcher le recrutement des enfants soldats et "lutter contre l'impunité" de ceux qui y ont recours.

Ces engagements ont été pris à l'issue d'une conférence
internationale de deux jours sur ce fléau qui touche 250'000
mineurs dans le monde, notamment en Asie et en Afrique. "Pour la
première fois, les Etats s'engagent solennellement à appliquer et
respecter les principes de la lutte contre le recrutement et
l'utilisation des enfants dans les conflits armés", a annoncé le
ministre français des Affaires étrangères, Philippe
Douste-Blazy.

Signatures de suspects

Parmi les signataires figurent dix des douze pays où, selon
l'ONU, des enfants sont utilisés comme soldats, dont le Soudan, le
Tchad, l'Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC), la
Colombie, le Népal et le Sri Lanka. Les deux autres pays touchés,
la Birmanie et les Philippines, ne participaient pas à la
conférence.



D'importants pays bailleurs de fonds ont également apporté leur
soutien au texte, comme les membres de l'Union européenne (UE), le
Japon ou le Canada. Les Etats-Unis n'étaient pas représentés.

Pas de valeur juridique contraignante

Dans les "engagements" de Paris, qui n'ont pas de valeur
juridique contraignante, les Etats promettent de "lutter contre
l'impunité, enquêter et poursuivre d'une manière effective les
personnes qui ont illégalement recruté des enfants de moins de 18
ans dans des groupes ou des forces armés".



Ce texte ajoute que les crimes commis contre des enfants devraient
être écartés de dispositions d'amnistie. "Des accords de paix ou
autres arrangements visant à mettre un terme aux hostilités ne
devraient pas comporter de dispositions en matière d'amnistie pour
les auteurs de crimes au regard du droit international, notamment
ceux commis contre des enfants", mentionne le texte.



Ces promesses représentent un "engagement moral" des Etats à tout
faire pour combattre le phénomène des enfants soldats, a expliqué
une source diplomatique.

Libération inconditionnelle

Les "engagements de Paris" soulignent aussi qu'il faut libérer
"sans conditions à tout moment" les mineurs recrutés ou utlisés par
des groupes ou des forces armés. Qu'un pays soit "en conflit ou en
état de belligérance ne peut être un prétexte pour empêcher la
libération" des enfants soldats, a-t-on commenté de source
diplomatique.



Les "engagements" affirment de même que les enfants soldats
"accusés de crimes au regard du droit international" doivent être
considérés "en premier lieu comme des victimes de violation du
droit international et pas seulement comme des présumés
coupables".



"Ils devraient être traités conformément aux normes
internationales de la justice pour mineurs, par exemple dans un
cadre de justice réparatrice et de réinsertion sociale", stipule le
texte.



afp/het

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Le cas srilankais

Deux reportages, l'un de la RSR, l'autre du Courrier (6/02), ont mis en évidence le cas srilankais.

Des enlèvements de mineurs, souvent attribués à la faction Karuna, dissidente des Tigres tamouls, seraient soutenus par l'armée srilankaise, bien que Colombo s'en défende. Un des reportages montre que des camps d'entraînement des jeunes recrues karunistes sont abrités par l'armée régulière.

Les Tigres tamouls ont pour leur part toujours recruté des mineurs, appliquant parfois la politique "une famille, un enfant".