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L'Algérie devra encore attendre pour élire son nouveau président

Photographie prise le vendredi 31 mai 2019, lors du 15e rassemblement contre le système en place [keystone]
Photographie prise le vendredi 31 mai 2019, lors du 15e rassemblement contre le système en place - [keystone]
Le Conseil constitutionnel algérien a invalidé dimanche les deux dossiers de candidature déposés pour la présidentielle. L'élection prévue pour le 4 juillet est repoussée. Aucune autre date n'a été fixée.

Le Conseil constitutionnel en Algérie a jugé la présidentielle "impossible" à organiser, après l'invalidation des deux seules candidatures à ce scrutin prévu le 4 juillet.  L'information a été annoncée dimanche à la télévision nationale. On ne connaît pas pour l'heure les raisons exactes du rejet des deux candidats.

Le Conseil a précisé qu'il revenait au chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, de "convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu'à l'élection du président de la République et la prestation de serment".

Abdelkader Bensalah a remplacé le président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika et devait assumer l'intérim à la tête du pays pour une durée de 90 jours, jusqu'à la tenue de l'élection présidentielle initialement.

>> Ecouter: Il n'y aura pas d'élection présidentielle en Algérie le 4 juillet prochain: interview de Kader Abderrahim, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Maghreb :

Kader Abderrahim. [iris-france.org]iris-france.org
Il n'y aura pas d'élection présidentielle en Algérie le 4 juillet prochain: interview de Kader Abderrahim / Forum / 6 min. / le 2 juin 2019

Contestation populaire massive

Cette annonce intervient alors que les manifestations battent leur plein. Pour la quinzième fois, les Algériens sont descendus dans la rue un vendredi.

"Pas d'élections avec le 'gang'" au pouvoir, "Pas de dialogue avec le gang et le pouvoir", martelaient les manifestants, qualifiant d'"issaba" ("gang") les dirigeants de l'appareil toujours en place, hérité de la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, contraint le 2 avril à la démission par la rue.

Devenu le véritable détenteur du pouvoir depuis le départ d'Abdelaziz Bouteflika, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a réclamé cette semaine des "concessions mutuelles" dans le cadre d'un "dialogue" dont il n'a pas défini les formes.

Agences/PW

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L'Algérie est secouée depuis février par des manifestations

- Au pouvoir depuis deux décennies, Abdelaziz Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013, annonce le 10 février qu'il briguera un 5e mandat.

- Le 22 février, plusieurs milliers de personnes, répondant à des appels sur les réseaux sociaux, manifestent dans plusieurs villes. "Pas de 5e mandat", "Ni Bouteflika, ni Saïd" (frère du président, perçu comme un "président bis" et un successeur possible), scandent les protestataires à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001.

- Le 11 mars, Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat, reportant sine die la présidentielle.

- Le 26 mars, le général Gaïd Salah demande que le président soit déclaré inapte à exercer le pouvoir ou qu'il démissionne.

- Le lendemain, le Rassemblement national démocratique (RND), pilier de la majorité au côté du Front de libération nationale (FLN), demande "la démission du président".

- Le 2 avril, le général Gaïd Salah demande que soit "appliquée immédiatement" la procédure constitutionnelle permettant d'écarter le chef de l'Etat.

- Peu après, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, démissionne.