"Plus de 35" personnes sont mortes et "des centaines" ont été blessées dans la dispersion lundi, sur ordre du Conseil militaire, du sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum, a annoncé mardi le Comité central des médecins soudanais.
L'organisation a évoqué des "difficultés à comptabiliser le nombre réel de morts à cause de l'encerclement des hôpitaux" par les forces de sécurité.
Violences condamnées
Le Royaume-Uni et l'Allemagne ont demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Soudan, ont indiqué des diplomates. La réunion à huis clos devrait se tenir mardi, ont-ils ajouté.
Plus tôt dans la journée, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné l'usage excessif de la force par les autorités soudanaises contre les manifestants et a appelé à une enquête indépendante.
L'Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de la contestation, a condamné un "massacre" et appelé les Soudanais à "la désobéissance civile totale pour renverser le Conseil militaire perfide et meurtrier".
De son côté, l'ambassade américaine a réagi sur Twitter en exhortant les généraux à "cesser" cette opération "injustifiée". Le Conseil militaire en "porte la responsabilité", a-t-elle prévenu.
Négociations au point mort
Les relations entre les deux camps se sont tendues à la suite de l'échec le mois dernier des négociations, suivies des mises en garde du Conseil militaire qui dirige le pays depuis le 11 avril, date de la destitution sous la pression populaire du président Omar el-Béchir.
L'escalade est telle à la suite du déclenchement de cette opération de dispersion que les fers de lance de la contestation ont appelé à la "désobéissance civile" dans tout le pays et à "renverser" les généraux au pouvoir.
Soldats déployés depuis samedi
Lundi matin, des bruits de tirs provenant du lieu du "sit-in" ont été entendus par un journaliste de l'AFP, qui a fait état d'un déploiement important des forces de sécurité dans les rues de la capitale.
Des soldats et des agents des forces de sécurité avaient été déployés samedi autour de la rue du Nil, près du lieu du sit-in, empêchant l'accès à cette zone.
afp/jvia/puga
Campement depuis le 6 avril
Des milliers de manifestants campent devant le siège de l'armée à Khartoum depuis le 6 avril. Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar el-Béchir, ils réclament désormais le départ du pouvoir des généraux.
Des négociations entre les deux camps visant à former un Conseil souverain, censé assurer la transition politique pour trois ans, ont échoué le 20 mai et le Conseil militaire a dénoncé des débordements autour du sit-in. En effet, plusieurs personnes ont été tuées ces derniers jours dans des circonstances peu claires à proximité du lieu du rassemblement.
Une grève générale a été observée les 28 et 29 mai à travers le pays par le mouvement de contestation, mobilisant divers secteurs d'activité, pour tenter de faire plier le pouvoir militaire. Le 31, des centaines de Soudanais avaient manifesté, eux, en soutien à l'armée dans la capitale.
Le Conseil de transition annule tous les accords avec l'opposition
Le Conseil militaire de transition, au pouvoir au Soudan, va annuler tous les précédents accords conclus avec l'opposition, a annoncé le chef du CMT, au lendemain de l'assaut meurtrier qui s'est déroulé dans le centre de Khartoum.
Le général Abdel Fattah al Bourhan a indiqué que des élections seraient organisées d'ici à neuf mois.
Il s'est également engagé à mener une enquête sur les événements de lundi, le plus grave accès de violence au Soudan depuis la destitution du président Omar el Béchir le 11 avril dernier.