L'exhumation de Franco avait été prévue lundi prochain sur décision du gouvernement socialiste. Mais elle est au centre d'un bras de fer judiciaire entre ce dernier et les descendants du dictateur qui a dirigé l'Espagne d'une main de fer de 1939 à 1975.
Franco est enterré dans un mausolée pharaonique près de Madrid et le gouvernement de Pedro Sanchez veut réinhumer l'ex-dictateur dans un lieu plus discret, le cimetière du Pardo à Madrid.
Eviter de causer un préjudice
La Cour suprême a indiqué dans un communiqué que l'une de ses chambres a "décidé de suspendre à titre conservatoire l'exhumation des restes de Francisco Franco Bahamonde qui devait avoir lieu le 10 juin". Cette décision a été prise à l'unanimité.
Pour la plus haute instance judiciaire espagnole, cette suspension a pour but d'éviter le "préjudice" qui pourrait être causé à la famille du dictateur. Elle doit aussi éviter à l'Etat de devoir ramener la dépouille là où elle se trouve actuellement, si le recours des descendants de Franco était in fine accepté.
Cette décision "implique que le gouvernement va devoir repousser l'exécution de l'exhumation jusqu'à l'annonce d'un verdict sur le fond dans les prochains mois", a reconnu l'exécutif socialiste de Pedro Sanchez. Avant de se dire "convaincu" du futur rejet par la Cour suprême du recours des descendants du dictateur.
afp/boi
Un "lieu d'exaltation" jugé inacceptable
Le général Franco, vainqueur de la Guerre civile (1936-1939) à l'issue de laquelle il a dirigé l'Espagne d'une main de fer pendant 36 ans, a été inhumé au "Valle de los Caidos" à sa mort en 1975.
Il avait fait construire ce monument, une basilique creusée à flanc de montagne et surmontée d'une croix de 150 mètres de haut, par des milliers de prisonniers politiques dans les années 1940 et 1950. A l'intérieur sont enterrés 27.000 combattants "nationalistes" qui se battaient sous ses ordres et quelque 10.000 soldats républicains, sortis des cimetières et des fosses communes sans que les familles en aient été informées.
La tombe de Franco, couverte de fleurs fraîches et vénérée par les nostalgiques du franquisme, se trouve devant l'autel de la basilique, un "lieu d'exaltation" inacceptable pour le gouvernement de Pedro Sanchez.