Nestor Kirchner, époux de la présidente et candidat à la
députation dans la province de Buenos Aires, où votent 40% des
électeurs, a admis avoir été battu par son rival Francisco De
Narvaez, qui incarne le retour au sein du parti péroniste des idées
néo-libérales.
"Nous avons perdu de justesse", a dit Nestor Kirchner à la presse
et à ses partisans dans son QG. Le parti péroniste a également
perdu dans les autres principales provinces du pays: Santa Fe,
Cordoba et Mendoza, selon les résultats officiels.
Les Kirchner perdaient aussi, pour la première fois depuis leur
arrivée au pouvoir, le contrôle du Congrès, selon les mêmes
résultats. "Ce soir, nous avons tourné la page de l'histoire en
Argentine, pour commencer une histoire différente faite d'avenir
pour chacun des Argentins", a déclaré Francisco De Narvaez, qui
incarne le retour au sein du parti péroniste des idées
néo-libérales de l'ancien président Carlos Menem (1989-1999).
Victoire de l'opposition
Nestor Kirchner devait l'emporter dans la périphérie de Buenos
Aires pour pouvoir relativiser sa défaite au Congrès. Bien
qu'originaire de Patagonie (extrême sud), il comptait sur les
banlieues pauvres de la capitale pour faire la différence.
Il savait que dans les principales villes (Buenos Aires, toujours
anti-péroniste, Rosario et Cordoba, liées au monde rural) et dans
les campagnes, son camp serait en difficulté. "Nous sommes devenus
la principale force de l'opposition", a dit pour sa part Ricardo
Alfonsin, qui devait être élu député de l'Accord civique entre
radicaux et libéraux, fils de l'ancien président, Raul Alfonsin,
récemment disparu.
L'opposition représente 70% de l'électorat contre 30% pour le
parti au pouvoir, mais elle est éclatée entre péronistes de droite
déçus du kirchnérisme, sociaux-démocrates, socialistes et partis
minoritaires de gauche. Le parti au pouvoir va devoir bâtir des
nouvelles alliances pour pouvoir gouverner, selon les
analystes.
Les Argentins ont voté, souvent munis de masques de protection
contre la grippe A (H1N1), pour renouveler la moitié des sièges de
la Chambre des députés et un tiers de ceux du Sénat.
afp/sbo
Un air de revanche pour les agriculteurs
De leur côté, les agriculteurs semblaient satisfaits d'avoir fait payer à Cristina Kirchner son conflit avec le monde rural.
La décision du gouvernement d'augmenter brutalement de 25% la taxe à l'exportation du soja, principale richesse du pays, avait paralysé le pays pendant six mois l'an dernier.
Ce conflit a durement entamé le prestige de la présidente, dont le taux de popularité est passé de 55% à moins de 30%.
"Nous obtenons dix sièges", a dit Mario Llambias, l'un des dirigeants du monde rural. "Je suis enthousiaste car nous allons pouvoir chercher un consensus au Congrès", a-t-il dit.
Pour la première fois, les Kirchner étaient arrivés aux élections dans un contexte économique défavorable. L'Argentine est entrée en récession selon les économistes, qui contestent les chiffres du gouvernement.