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L'insécurité en RDC rend difficile le combat contre l'épidémie d'Ebola

Un centre de traitement pour les victimes d'Ebola à Beni, en RDC [Reuters - Baz Ratner]
La propagation de l'épidémie d'Ebola en RDC suscite de l'inquiétude / La Matinale / 3 min. / le 7 juin 2019
L'inquiétude grandit dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Le nombre de personnes infectées par Ebola a doublé en deux mois. La population, méfiante, fuit les centres de soins. Et dans ces régions où l'insécurité règne, difficile de les atteindre pour les soigner.

2000 cas ont déjà été répertoriés dans cette région où cette épidémie d'Ebola couve depuis l'été dernier. Et la mortalité est très élevée, plus de 1350 morts déjà, soit 67% des personnes victimes de ce virus.

Si l'on est encore très loin des 30'000 personnes touchées en Afrique de l'Ouest en 2014-2016, cette explosion de cas surprend, puisqu'il existe un vaccin.

Un vaccin efficace

Un vaccin testé, entre autres, aux Hôpitaux Universitaires de Genève. La stratégie consiste à vacciner les proches des malades. Une stratégie dite en "anneau", avec laquelle, par exemple, la variole a été éradiquée de la surface de la Terre.

Actuellement, plus de 120'000 personnes ont été vaccinées en RDC, et d'après les résultats préliminaires, publiés par le ministère congolais de la santé et l'Organisation mondiale de la Santé, il serait efficace à 97,5%.

Ce vaccin met dix jours à offrir une bonne protection, mais il semble que même si la personne développe cette maladie avant ce délai, la mortalité est quand même plus faible chez ceux qui ont été vaccinés.

Il y a en outre plusieurs traitements expérimentaux et des sortes de bulles à pression négative pour accueillir les malades. Elles permettent d'introduire ses bras à l'intérieur pour distribuer des médicaments, sans entrer en contact direct avec les personnes contaminées.

Gagner la confiance

Mais la population se méfie, et les proches des malades ont tendance à fuir les centres de soins pour gagner des régions du pays où l'insécurité règne. Beaucoup de groupes armés sont présents au Nord-Kivu. Les équipes sanitaires y sont régulièrement attaquées, et plusieurs soignants ont été tués.

D'autres habitants se tournent plus spontanément vers les guérisseurs traditionnels et ne vont dans les centres dédiés que lorsqu'ils sont très malades.

Le docteur Michel Yao, coordonnateur de la riposte contre Ebola pour l'OMS au Nord-Kivu, relève ce paradoxe: les moyens pour soigner les malades sont bien là, mais on n'arrive tout simplement pas jusqu'à eux. Ou en tout cas, pas assez vite.

Lucia Sillig/ddup

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