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Theresa May s'efface et ouvre la course à sa succession

Theresa May quitte son poste, mais assure encore l'intérim. [Keystone - EPA/Andy Rain]
Le départ de Theresa May de la tête du Parti conservateur britannique vendredi lance la course pour sa succession / Le 12h30 / 2 min. / le 7 juin 2019
La Première ministre britannique Theresa May a quitté vendredi la tête du Parti conservateur, mais restera en fonction jusqu'à la désignation de son successeur d'ici la fin juillet. Aucun événement officiel n'avait été organisé.

"Elle a démissionné", a annoncé le Comité 1922, responsable de l'organisation du Parti conservateur, dans un communiqué.

Le départ de Theresa May ouvre officiellement la course pour désigner celui qui aura la lourde tâche de réussir là où elle a failli: mettre en oeuvre le Brexit. Au Royaume-Uni, le poste de Premier ministre échoit en effet de droit au chef du parti qui réunit une majorité au Parlement et de fait au successeur de Theresa May.

Au cours des prochaines semaines, la dirigeante démissionnaire "continuera à travailler pour les gens de ce pays. Quant au Brexit, la Première ministre a indiqué que ce ne serait pas à elle de faire avancer ce processus, mais à son successeur", a relevé son porte-parole jeudi. En clair, elle continuera à expédier les affaires courantes et se concentrera sur la politique intérieure.

Boris Johnson favori

Le prochain chef de l'exécutif britannique devra donc remettre le Brexit sur les rails, soit en renégociant un nouvel accord avec Bruxelles, soit en optant pour une sortie sans accord, deux scénarios qui sont d'ores et déjà au coeur de la course à sa succession.

Parmi les onze candidats en lice (voir encadré), le député Boris Johnson, champion des Brexiters, fait figure de favori. Très apprécié par les militants de la base, ce politicien habile et charismatique suscite en revanche des réactions plus contrastées du côté des députés tories, qui doivent sélectionner à partir de mercredi deux candidats qui seront ensuite départagés par les militants.

Mardi soir, l'ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères a prévenu que les conservateurs étaient menacés de "disparition" si le Brexit n'était pas mis en oeuvre le 31 octobre.

>> Ecouter aussi le point dans La Matinale sur la course à la succession de Theresa May :

Qui succédera à Theresa May, la Première ministre britannique? [Pool via Reuters - Bertrand Guay]Pool via Reuters - Bertrand Guay
Course à la succession de Theresa May / La Matinale / 2 min. / le 7 juin 2019

Trois ans en poste

Theresa May, 62 ans, avait pris les rênes de l'exécutif en juillet 2016, peu après que les Britanniques eurent voté à 52% en faveur de la sortie de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin. Il lui incombait alors de mettre en oeuvre le Brexit. Mais elle n'a pas su relever le défi.

L'accord qu'elle a conclu en novembre avec Bruxelles a été rejeté à trois reprises par les députés britanniques, autant de défaites humiliantes. A court de munitions pour éviter une sortie sans accord, redouté par les milieux économiques, Theresa May a été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé le 29 mars.

Des atermoiements lourdement sanctionnés lors des élections européennes, le parti tory étant relégué à la cinquième place. Usée par le Brexit, mais aussi par les complots et critiques incessantes dont elle a fait l'objet au sein de son parti, profondément divisé sur la question, Theresa May avait annoncé le 24 mai sa démission lors d'une allocution devant le 10, Downing Street.

afp/boi

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Onze candidats

Boris Johnson, 54 ans, ancien secrétaire au Foreign Office de Theresa May et ancien maire de Londres. Il est le grandissime favori. Hostile à la tenue d'un second référendum, il estime qu'"aucun être sensé ne viserait exclusivement une sortie sans accord" mais ajoute dans le même temps qu'"aucun être sensé n'exclurait un No-Deal".

Dominic Raab, 45 ans, ancien ministre du Brexit. Il n'est resté que cinq mois en fonctions avant de quitter le gouvernement May, jugeant que l'accord de retrait négocié avec les Européens n'était pas à la hauteur des promesses du Parti conservateur. Il entend renégocier un "accord plus équitable" avec Bruxelles mais ne souhaite pas repousser la date du Brexit.

Michael Gove, 51 ans, actuel ministre de l'Environnement. Il a été l'une des principales figures du mouvement en faveur du "Leave" lors de la campagne pour le référendum du 23 juin 2016. Il se dit prêt à concrétiser le Brexit.

Andrea Leadsom, 56 ans, ancienne ministre chargée des Relations avec le Parlement. Cette militante du Brexit lors de la campagne référendaire était en désaccord avec la stratégie de la Première ministre et a démissionné avant que May n'annonce son retrait.

Jeremy Hunt, 52 ans, ancien ministre de la Santé qui a succédé à Boris Johnson à la tête du Foreign office en juillet 2018. Partisan d'un maintien dans l'Union européenne lors du référendum de 2016, il prône aujourd'hui une renégociation de l'accord de retrait et propose la formation d'une nouvelle équipe de négociateurs.

Rory Stewart, 46 ans, ancien diplomate promu récemment au rang de ministre du Développement international. Partisan d'un maintien dans l'UE lors du référendum de 2016, il s'oppose à une sortie sans accord et défend l'accord négocié par Theresa May avec Bruxelles.

Sajid Javid, 49 ans, ministre de l'Intérieur. Ce libéral convaincu a voté pour le "remain" en 2016 alors qu'il était plutôt considéré comme un eurosceptique. Il juge qu'il n'y a pas grand chose à craindre d'un divorce sans accord, soulignant que le Royaume-Uni aura quoi qu'il arrive "la capacité de se protéger".

Matt Hancock, 40 ans, ministre de la Santé. Cet ancien économiste à la Banque d'Angleterre a lui aussi voté pour le "remain" en 2016. Sortir de l'UE sans accord n'est pas une option, dit-il, expliquant que le Parlement ne le permettrait pas.

Esther McVey, 51 ans, ancienne ministre du Travail et des Retraites qui a démissionné en novembre dernier pour marquer son rejet de l'accord négocié
par May. Partisane du Brexit, son objectif est de faire en sorte que le Royaume-Uni quitte l'UE à la date du 31 octobre, avec ou sans accord.

Mark Harper, 49 ans, député et ancien chargé de la discipline parlementaire sous David Cameron. Il explique sa candidature par la nécessité de renouveler la classe politique. En 2016, il avait fait campagne pour le maintien dans l'UE mais assure que s'il devait revoter aujourd'hui, il ferait le choix inverse. Il juge qu'il faut repousser la date du Brexit.

Sam Gyimah, 42 ans, ancien secrétaire d'Etat aux universités qui a démissionné pour affirmer son désaccord avec Theresa May. Il est le seul candidat à défendre l'idée d'un second référendum sur le Brexit.