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L'un après l'autre, les Etats américains se dressent contre un médicament

Des bouteilles de l'analgésique Oxycontin du fabricant Purdue Pharma. Il est commercialisé en Suisse sous ce nom par sa filiale Mundipharma et par quatre marques de génériques sous le nom de la molécule, l'oxycodone. [Reuters - George Frey]
48 États américains portent plainte contre l'entreprise pharmaceutique Purdue / Forum / 3 min. / le 8 juin 2019
La Californie et l'Idaho se sont joints cette semaine aux 46 Etats américains ayant déjà déposé plainte contre le groupe Purdue Pharma. Ils estiment son médicament antidouleur phare, l'oxycontin, responsable de la crise des opiacés que traverse le pays.

L'oxycontin est le nom sous lequel l'oxycodone, une molécule à fort effet analgésique, est commercialisée par le groupe Purdue Pharma depuis le milieu des années 90. Il fait partie de la famille des opioïdes, à l'instar de la morphine ou du fentanyl, et est disponible sur ordonnance. On le trouve également en Suisse.

Une tempête d'ordonnances

Historiquement employé dans le cadre des traitements contre le cancer, l'oxycontin a ensuite fait l'objet d'une intense campagne marketing par le groupe Purdue auprès des médecins américains, pour les encourager à le prescrire pour des cas de douleurs plus communes, comme le mal de dos par exemple. Lors d'une fête organisée à l'occasion de sa commercialisation, le président de Purdue Pharma Richard Sackler avait même affirmé que le marketing était si efficace qu'il donnerait lieu à "une tempête d'ordonnances qui écraserait toute concurrence".

Le hic: peu après cette campagne, des effets secondaires très problématiques ont été observés, principalement une forte dépendance au médicament. Or, ce risque de dépendance a volontairement été tu par les responsables de Purdue Pharma, comme l'attestent notamment des e-mails internes échangés au sein du laboratoire.

>> Ecouter le sujet de CQFD consacré aux graves problèmes liés à certains médicaments antidouleur :

De nombreuses overdoses aux médicaments antidouleur sont enregistrées aux Etats-Unis.
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Zoom sur ces antidouleurs qui tuent / CQFD / 8 min. / le 23 janvier 2018

Distribué très largement

Même s'il s'agit d'un médicament disponible uniquement sur prescription d'un médecin, un coup d'oeil sur les quantités d'oxycontin prescrites aux Etats-Unis permet de comprendre la dimension du problème. Ainsi, pour le seul Idaho, 1'300'000 ordonnances ont été rédigées pour lui, dans un Etat qui compte moins de deux millions d'habitants (une même personne peut néanmoins avoir obtenu plusieurs ordonnances). Sa distribution est donc extrêmement large, à tel point que les autorités américaines résument l'oxycontin à "un triomphe commercial et une tragédie sanitaire".

Les autorités américaines estiment en effet qu'entre 1999 à 2017, selon les derniers chiffres disponibles, près de 220'000 personnes sont mortes d'une overdose d'opiacés prescrits par un médecin, opiacés dont l'oxycontin fait partie. En 2017 encore, on comptait une moyenne nationale de 60 prescriptions pour des opiacés pour 100 personnes. Cette moyenne s'est toutefois améliorée après des campagnes d'information, puisqu'on enregistrait encore plus de 80 prescriptions pour 100 personnes en 2012.

>> Lire à ce sujet : Les Etats-Unis face à une épidémie d'overdoses due aux antidouleurs

Direction l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie

La baisse de prescription des opiacés et de l'ocycontin ne met cependant pas un terme à la crise, car des millions d'Américains, devenus dépendants aux antidouleurs, se sont tournés vers l'héroïne d'abord, puis vers le fentanyl, un autre analgésique très puissant souvent importé aux Etats-Unis par les cartels mexicains et vendu dans la rue.

De plus, Purdue Pharma a bien anticipé ce revers. Il y a plusieurs années déjà, le groupe familial a créé un réseau d'entreprises sous le nom de Mundipharma pour promouvoir l'oxycontin en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique notamment. Elle y emploie la même stratégie marketing qu'aux Etats-Unis: des visites dans les cabinets et des séminaires organisés pour les médecins, afin de les inciter à prescrire son antidouleur pour des cas relativement bénins.

Sujet radio: Katja Schaer

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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