"Je suis, nous sommes Ivan Golounov", proclame cette Une publiée par les influents Kommersant, Vedomosti et RBK.
Ivan Golounov, reporter du média indépendant en ligne Meduza réputé pour ses enquêtes sur la corruption à la mairie de Moscou ou les malversations entourant des secteurs opaques comme les microcrédits ou les pompes funèbres, a été arrêté jeudi et assigné à résidence samedi soir par un juge.
Selon la police, il a tenté de vendre "une quantité importante" de cocaïne et de méphédrone, une drogue de synthèse
Des preuves pas convaincantes pour la presse
Le journaliste rejette ces accusations, estimant qu'elles sont liées à ses enquêtes, notamment sur le partage mafieux du "business des cimetières" à Moscou.
"Nous estimons que les preuves de culpabilité d'Ivan Golounov, fournies par les enquêteurs, ne sont pas convaincantes et que les circonstances de son arrestation font beaucoup douter qu'elle ne se soit déroulée avec violation de la loi", soulignent les trois journaux dans une déclaration commune.
"Nous n'excluons pas que l'interpellation et l'arrestation soient liées à ses activités professionnelles", poursuit-elle.
Un soutien qui dépasse les clivages
Depuis l'arrestation d'Ivan Golounov, de nombreux confrères, y compris des médias officiels, mais aussi des artistes et responsables politiques, lui ont apporté leur soutien.
Des centaines de personnes étaient réunies devant le tribunal samedi qui l'a assigné à résidence alors que l'accusation demandait son incarcération.
Pour beaucoup de journalistes et d'ONG de défense de la presse, l'arrestation d'Ivan Golounov, qui encourt jusqu'à 15 ans de prison, constitue une nouvelle étape dans les pressions dont font l'objet les médias en Russie. Ceux qui le connaissent affirment qu'il n'était pas connu pour consommer de la drogue.
La police russe a publié plusieurs photos présentées comme venant de la scène du crime et montrant un véritable atelier de fabrication de drogue, avant de reconnaître qu'elles n'avaient pas été prises chez le journaliste, ce qui a encore renforcé les soupçons de manipulation.
afp/ther