Sarah Palin, élue en 2006 pour quatre ans, a convoqué à la hâte
une conférence de presse à son domicile de Wasilla, pour expliquer
qu'elle quittait son poste et ne briguerait pas un deuxième mandat.
Selon son porte-parole, Dave Murrow, elle démissionnera le 26
juillet et transmettra son autorité à l'actuel gouverneur adjoint,
Sean Parnell.
Sarah Palin, a déclaré, sans plus de précisions, qu'elle voulait
faire bouger les choses "en dehors du gouvernement" et ne pouvait
pas accepter de faire de la "politique politicienne", juste "pour
conserver le titre de gouverneur".
Une annonce qui fait du bruit
Certains, dans le camp républicain, lui prêtent des ambitions
pour l'élection présidentielle de 2012 (lire
ci-contre). Le choix de la colistière de John McCain l'an
dernier a déjà fait couler beaucoup d'encre. Atypique, hors normes,
tels ont été les qualificatifs employés pour décrire la populaire,
énergique et télégénique gouverneure.
Ce fut indéniablement un choix choc: première femme à devenir
colistière sur un ticket républicain, elle est l'un des gouverneurs
les plus populaires du pays. Mais si elle est incollable en pêche
au saumon et chasse à l'élan, elle a rapidement montré qu'elle
était totalement néophyte en politique étrangère, voire en
politique intérieure.
Des conseillers de campagne ont encore expliqué la semaine
dernière au magazine Vanity Fair, sous couvert d'anonymat, combien
Sarah Palin leur paraissait peu préparée à diriger le pays si
besoin était.
Première femme gouverneure d'Alaska, après avoir été maire et
conseillère municipale de Wasilla, et brièvement responsable de la
Commission pour le pétrole et le gaz d'Alaska, Sarah Palin arrive
au Capitole d'Anchorage en 2006, sur un programme de réformes
éthiques.
Des victoires et des histoires
Faisant campagne contre la corruption, mal endémique dont
souffrent les politiciens républicains de l'Alaska, elle a pris une
fois élue ses distances de la puissante vieille garde locale du
parti, et augmenté les impôts sur les bénéfices des compagnies
pétrolières, remplissant ainsi les caisses de l'Etat.
Plusieurs "casseroles" l'ont poursuivie, notamment des soupçons
d'abus de pouvoir et de limogeage d'un responsable public en raison
d'une affaire à caractère privé impliquant sa soeur et l'ex-mari de
cette dernière.
Sarah Palin, qui a mis en avant sa vie d'Américaine "comme tout le
monde" a également été critiquée pour ses frais vestimentaires
durant la course à la Maison Blanche, en 2008: 150'000 dollars
payés par le comité de campagne républicain pour ses toilettes et
son maquillage.
Cette semaine, l'Anchorage Daily News révélait que Sarah Palin
avait dépensé plus de 600'000 dollars en frais de justice pour se
défendre contre des plaintes pour manquement à l'éthique,
malversations et pour une affaire d'abus de pouvoir qui impliquait
son ancien beau-frère.
ap/afp/jeh
La présidentielle de 2012 en toile de fond
Plébiscitée par la base du parti républicain, stigmatisée par d'autres, Sarah Palin se définit comme un "pitbull avec du rouge à lèvres" et ne cache pas ses ambitions politiques.
A 45 ans, l'ancienne candidate à la vice-présidence américaine, qui avait enthousiasmé les foules mais s'était aussi fait reprocher de jouer les "divas" et d'avoir causé la défaite du candidat John McCain, reste populaire auprès des plus conservateurs qui la verraient bien chef de file pour de futures échéances.
"Je ne fais pas cela pour rien", avait-elle confié peu avant l'élection présidentielle comme on lui demandait si elle envisageait de poursuivre une carrière nationale en cas de défaite républicaine.
Fervente chrétienne, elle avait aussi déclaré espérer que Dieu lui "montrerait la voie" si elle devait se lancer dans la course à la Maison Blanche.
Depuis, les spéculations n'ont cessé sur son éventuelle candidature à l'élection de 2012. Pendant la campagne, Mme Palin avait été la caution conservatrice du "ticket" républicain.
Elle avait mobilisé la base populaire de ses électeurs en assénant les coups les plus durs au candidat démocrate Barack Obama, au risque d'aliéner l'électorat centriste.
Lunettes couture, tailleurs bien coupés et coiffure rétro, cette excellente basketteuse et chasseuse de caribous, membre de la National Rifle Association qui défend le droit au port d'armes, se veut proche de l'Américain moyen, notamment dans sa façon de s'exprimer.
Quasiment inconnue avant d'être désignée fin août 2008 candidate à la vice-présidence, elle avait donné un coup de fouet aux intentions de vote en faveur des républicains avec une campagne agressive.
Avant de devenir plus dissuasive pour certains électeurs estimant qu'elle n'était pas qualifiée pour éventuellement succéder à John McCain, 72 ans.
En sept semaines de campagne, ses gaffes et déclarations maladroites avaient aussi écorné son capital de crédibilité.