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Barack Obama tend la main à la Russie

Barack Obama a plaidé pour un nouveau départ entre les deux pays.
Barack Obama a plaidé pour un nouveau départ entre les deux pays.
Le président américain Barack Obama a tendu mardi la main aux Russes pour leur offrir une nouvelle ère de coopération sur les ruines de la guerre froide, tout en affirmant la nécessité du respect des règles de la démocratie.

Dans un grand discours devant la Nouvelle école économique qui
forme une partie des futures élites russes, Barack Obama s'est
adressé, non plus seulement aux gouvernants comme la veille, mais à
toute la société russe pour l'appeler à remettre les relations à
zéro et à surmonter les vieilles conceptions d'un "jeu à tout ou
rien" entre les Etats-Unis et la Russie.

"Un nouveau départ"

"Cela doit être plus qu'un nouveau départ entre le Kremlin et la
Maison Blanche, même si cela aussi est important. Cela doit être un
effort soutenu entre les peuples américain et russe pour identifier
les intérêts communs, étendre le dialogue et la coopération et
paver la voie du progrès", a-t-il déclaré.



Barack Obama effectuait sa première visite de président en Russie,
destinée précisément à rompre avec des tensions qui, à la fin de la
présidence Bush, ont renvoyé aux décennies de paix armée entre les
deux puissances.

Appel au respect des règles de la démocratie

Dans ce discours exposant sa vision de l'avenir devant les
représentants de la "dernière génération née quand le monde était
divisé", Barack Obama s'est livré à un exercice délicat. Il a
exprimé son "profond respect pour l'héritage immémorial de la
Russie", exalté le sacrifice soviétique pendant la Seconde Guerre
mondiale, et s'est employé à ne pas prêter le flanc au reproche
souvent fait en Russie aux Américains de se poser en donneurs de
leçons.



Mais il a aussi entendu ceux qui le pressaient de ne pas occulter
les sujets qui fâchent: peu avant de rencontrer les dirigeants de
l'opposition dans l'après-midi, il a appelé au respect des règles
de la démocratie, il a pressé le gouvernement russe de combattre la
corruption dans l'économie et de respecter la souveraineté des
anciens satellites de l'URSS, comme la Géorgie et l'Ukraine.

"La courbe de l'histoire nous montre
que les gouvernements qui sont au service du peuple survivent et
prospèrent, pas les gouvernements qui ne sont au service que de
leur propre puissance", a-t-il dit.



Mais "que les choses soient claires dès le départ: l'Amérique veut
une Russie qui soit forte, pacifique et prospère", a-t-il dit dans
ce discours qui s'inscrit dans la lignée de ceux déjà prononcés à
Prague (sur la prolifération) et au Caire (à l'adresse des
musulmans) sur la vision que Barack Obama a du monde.



Il a exposé la multitude des intérêts communs, de la lutte contre
la prolifération à l'environnement. Il a appelé une Russie
jusqu'alors résistante à s'allier aux efforts américains face aux
défis nucléaires iranien et nord-coréen. Tous "ces défis réclament
un partenariat mondial, et ce partenariat sera plus fort si la
Russie occupe le rang de grande puissance qui doit être le sien",
a-t-il dit.

Une ère révolue

Il a opposé cette vision à celle du 20ème siècle dans laquelle
"les Etats-Unis et la Russie (étaient) voués à être antagonistes",
ou celle du 19ème siècle dans laquelle ils étaient condamnés "à
rivaliser pour des sphères d'influence et où les grandes puissances
(devaient) forger des blocs concurrents pour se contrebalancer l'un
l'autre".



"Malheureusement, on a parfois l'impression que les vieux
présupposés doivent prévaloir, une conception de l'exercice du
pouvoir enracinée dans le passé plutôt que le présent", a-t-il
déploré. Remettre les relations à zéro "ne sera pas facile. Forger
un partenariat durable entre d'anciens adversaires, changer des
habitudes ancrées dans nos gouvernements pendant des décennies est
difficile", a-t-il dit. Mais "le temps où des empires pouvaient
manipuler des Etats souverains comme les pièces d'un jeu d'échec
sont révolus", comme ceux où Roosevelt, Churchill et Staline
pouvaient redessiner le monde en une rencontre, a-t-il dit.



afp/hof

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Rencontre avec Vladimir Poutine

Le président américain Barack Obama a salué mardi à Moscou "le "travail extraordinaire" de Vladimir Poutine au Kremlin puis comme Premier ministre, après l'avoir qualifié dans une interview d'homme du passé.

"J'ai conscience du travail extraordinaire que vous avez accompli comme président au cours des années passées et dans votre rôle actuel de Premier ministre", a-t-il déclaré lors d'un petit-déjeuner avec Vladimir Poutine à la résidence de ce dernier à Novo Ogarevo près de Moscou.

"Nous avons une excellente opportunité de jeter des bases plus solides dans les relations russo-américaines. Nous ne sommes peut-être pas d'accord sur tout mais nous avons des consultations, dans l'intérêt des peuples russe et américain", a-t-il ajouté.

Barack Obama s'est félicité à cet égard de ses "excellentes discussions" lundi au Kremlin avec son homologue russe Dmitri Medvedev. Vladimir Poutine s'est aussi voulu avenant, soulignant qu'il comptait sur Barack Obama pour relancer les relations russo-américaines. "Nous associons à votre nom les espoirs de développement de nos relations", a-t-il dit.

"L'histoire des relations russo-américaines a connu des nuances. Il y a eu des années de prospérité absolue, il y a eu de la routine grise et même de la confrontation", a-t-il ajouté sans préciser s'il faisait référence à l'époque soviétique ou à ces dernières années.

Le Premier ministre, s'efforçant de détendre l'atmosphère quelque peu contenue, a ensuite lancé au président américain: "On vous a préparé un petit-déjeuner dans le style russe". "Je vous remercie pour le beau temps", a ajouté Barack Obama, le soleil étant revenu sur Moscou après une journée de pluie et de froid lors de l'arrivée lundi du président américain à Moscou.

A la veille de son voyage en Russie, le président américain avait estimé que Vladimir Poutine, par ailleurs ancien membre du KGB, n'avait pas su se défaire de ses réflexes de la Guerre froide.

"Je pense que Poutine a un pied dans la vieille manière de conduire les affaires, et un pied dans la nouvelle", avait-il dit dans une interview à l'agence AP.

"Nous ne savons pas faire le grand écart, nous sommes fermement debout sur nos deux jambes et regardons toujours vers l'avenir", avait rétorqué le Premier ministre, qui reste considéré comme l'homme fort de la Russie.