Contrastant avec la clémence inhabituelle dont elles ont fait preuve les jours précédents, les autorités n'ont pas traîné pour mettre fin à la marche organisée dans le centre de la capitale russe contre les abus de la police, qui n'avait pas reçu l'autorisation officielle de la mairie.
Au moins 423 manifestants ont été interpellés, dont plusieurs journalistes ainsi que les organisateurs de la marche, a rapporté l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations.
Navalny libéré
La marche a rassemblé plus d'un millier de personnes et donné lieu à des arrestations particulièrement musclées. La police est allée jusqu'à fermer au public la Place Rouge, l'une des principales artères du centre et un populaire parc de la capitale.
Plusieurs personnes arrêtées, dont un photographe de presse, ont affirmé avoir été passées à tabac par la police, qui leur refuse l'accès à un médecin, selon OVD-Info.
Parmi les personnes arrêtées figurait le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui a fait l'objet de nombreuses procédures judiciaires et détentions ces dernières années. Il risquait jusqu'à 30 jours de prison, mais a finalement été libéré dans la soirée.
Un rare recul
Cette manifestation fait suite à une mobilisation quasiment sans précédent de la société civile pour obtenir la libération mardi d'Ivan Golounov, journaliste du site d'information indépendant Meduza.
Arrêté le 6 juin à Moscou par des policiers qui affirmaient avoir découvert dans son sac à dos puis dans son appartement d'importantes quantités de drogue, Ivan Golounov avait été assigné à résidence samedi avant d'être disculpé et libéré - un recul rarissime des autorités.
Une enquête a été ouverte sur les agissements des policiers ayant interpellé Ivan Golounov, qui ont été suspendus de leurs fonctions le temps de l'enquête, tandis que deux responsables de haut rang de la police moscovite seront limogés.
Il s'agit d'un dénouement hors norme en Russie, où les services de sécurité et la police sont souvent accusés de monter des affaires de drogue de toutes pièces pour se débarrasser des voix critiques ou simplement pour atteindre leurs quotas mensuels d'arrestations.
ats/pym