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Tension maximale dans la province du Xinjiang

L'armée chinoise reste sur le pied de guerre dans le Xinjiang.
L'armée chinoise reste sur le pied de guerre dans le Xinjiang.
De nombreuses mosquées resteront fermées ce vendredi à Urumqi, dans la province chinoise du Xinjiang sous haute tension. Les autorités craignent de nouveaux débordements le jour de la prière.

Les forces de sécurité quadrillent la capitale provinciale
Urumqi, où les Ouïghours dénoncent des attaques menées contre eux
depuis mardi par des membres de l'ethnie majoritaire de Chine, les
Han. Ces agressions répondaient à la mort de 184 personnes - selon
un nouveau bilan (lire ci-contre) - dans des
émeutes déclenchées dimanche par des Ouïghours.

Dans un quartier à forte majorité ouïghoure d'Urumqi, de
nombreuses mosquées prévoient d'annuler les prières du vendredi,
indiquent des écriteaux affichés aux portes ou des hommes se tenant
devant les lieux de culte.

Crainte de nouveaux troubles

"Elle ne sera pas ouverte. Le Parti communiste nous l'interdit",
a déclaré un homme faisant le guet devant la grande mosquée de Dong
Kuruk, tandis que non loin, des militaires à bord de véhicules
blindés montent la garde. Un peu plus loin, sur la porte de la
mosquée Guyuan, une affichette datée de mercredi porte
l'inscription: "selon les instructions des autorités, les prières
habituelles seront suspendues à partir d'aujourd'hui. Ceux qui
souhaitent prier sont invités à le faire chez eux".



Les autorités chinoises redoutent que les prières du vendredi ne
donnent lieu à de nouveaux troubles dans la communauté ouïghoure.
Plusieurs milliers de militaires et policiers se tiennent prêts à
empêcher toute nouvelle manifestation dans la province de l'ouest
chinois. "Si nous ne sommes pas autorisés à suivre nos activités
religieuses normales, il y aura une grande colère", prévenait Ahmed
Jan, un Ouïghour habitant près de la mosquée Dong Kuruk.

Soutien turc

Par ailleurs, plusieurs milliers de personnes ont manifesté
vendredi dans différentes villes de Turquie. Elles ont protesté
contre la répression par les autorités chinoises des troubles dans
la province du Xinjiang, peuplée d'Ouïghours, turcophones et
musulmans.



A Istanbul, jusqu'à 5000 personnes se sont rassemblées sur le
parvis de la mosquée de Fatih à la sortie de la prière du vendredi
pour conspuer les autorités chinoises et prier pour les victimes
ouïghoures des violences, a rapporté la chaîne de télévision
NTV.

Epuration ethnique dénoncée

"Non à l'épuration ethnique!", ont clamé les manifestants, dont
beaucoup agitaient le drapeau bleu frappé d'un croissant de lune
blanc des Ouïghours. La foule a également brûlé des produits
d'importation chinois.



Réunis à l'appel d'organisations nationalistes et d'associations
ouïghoures devant la mosquée stambouliote de Beyazit, quelque 200
manifestants ont brûlé des drapeaux chinois et accusé l'armée
chinoise d'encourager les violences contre les Ouïghours, a
constaté un photographe de l'AFP.

Appel au boycott

A Ankara, 700 personnes ont participé à une manifestation
semblable sur le parvis de la mosquée de Kocatepe. Des mouvements
de protestation ont été signalés dans sept autres villes turques.
Une association de défense des droits des consommateurs a par
ailleurs appelé devant le consulat de Chine à Istanbul à boycotter
les produits chinois.



La Turquie a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude face aux
événements du Xinjiang. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a
évoqué mercredi des "atrocités". Vendredi, il a estimé que les
violences ethniques dans cette région de la Chine relevaient du
"génocide".



Ankara soutient la souveraineté chinoise au Xinjiang mais a des
rapports culturels avec les Ouïghours, principale minorité ethnique
du Xinjiang. De nombreux exilés ouïghours ont trouvé refuge en
Turquie.



agences/hof

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Nouveau bilan

Les émeutes ethniques ont fait 184 morts au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, selon un nouveau bilan communiqué vendredi par l'agence de presse officielle Chine Nouvelle.

Sur ce nombre, 137 personnes - 111 hommes et 26 femmes - seraient issues de l'ethnie Han, majoritaire en Chine, 46 de l'ethnie Ouïghoure musulmane et turcophone - 45 hommes et une femme -, et une de l'ethnie Hui, majoritairement musulmane.

C'est la première fois que le gouvernement de Pékin précise la répartition ethnique des victimes.

Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, est placée sous l'étroite surveillance de milliers de soldats et policiers depuis les émeutes de dimanche.

Ces violences avaient éclaté en marge d'une manifestation de 1000 à 3000 Ouïghours qui demandaient justice pour deux membres de leur communauté, tués le 25 juin lors d'une bagarre dans une usine du sud de la Chine avec des Hans.

Des Ouïghours ont attaqué des Hans dans la ville et la police anti-émeute est intervenue.

Plus de 1100 personnes ont été blessées, selon les autorités.

Le directeur du bureau des Affaires civiles d'Urumqi, Wang Fengyun, cité par Chine Nouvelle, a déclaré que les familles de civils innocents tués dans les émeutes recevraient 200'000 yuans (30'000 dollars) pour chaque mort.