Lors de sa première visite en Afrique en tant que président
américain, Barack Obama en a profité pour raviver le grand slogan
de sa campagne électorale victorieuse, "yes, we can". Il a appelé
les Africains à ne plus invoquer le colonialisme pour expliquer les
guerres, la maladie, le sous-développement, les pratiques
antidémocratiques et la corruption sur un continent plein de
"promesses".
"Yes, you can"
"Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits,
changer fondamentalement les choses. Vous pouvez faire ça. Oui,
vous le pouvez" ("yes, you can"), a-t-il dit. Ces paroles ont
soulevé les clameurs des députés ghanéens, devant lesquels il
s'exprimait.
"Mais cela n'est possible que si, vous tous, vous assumez la
responsabilité de votre avenir. Cela ne sera pas facile. Cela
réclamera du temps et des efforts. Il y aura des épreuves et des
déconvenues. Mais je peux vous promettre ceci: l'Amérique sera à
vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant
qu'amie", a-t-il dit.
Aide à l'Afrique
Barack Obama a rappelé qu'il s'était engagé à "accroître
sensiblement" l'aide américaine au continent noir, "ce qui est dans
l'intérêt de l'Afrique et de l'Amérique". Mais l'aide à l'Afrique
doit être subordonnée à la bonne gouvernance dans les pays
assistés, a-t-il souligné. "Le développement dépend de la bonne
gouvernance. C'est l'élément qui manque en bien trop d'endroits
depuis trop longtemps", a déclaré le chef de la Maison
Blanche.
Selon lui, la bonne gouvernance constitue "le changement qui peut
débloquer le potentiel de l'Afrique". Mais, a-t-il martelé, elle
relève de la seule responsabilité des Africains. "Aucun pays ne va
créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour
s'enrichir eux-mêmes, ou si sa police peut être achetée par des
trafiquants de drogue. Personne n'investira là où un gouvernement
prélève 20%".
Première visite en Afrique
Barack Obama avait confié avoir choisi de venir sur le continent
"afin de souligner que l'Afrique n'est pas tenue à l'écart des
affaires du monde". Il effectuait une visite de moins de 24 heures
dans la foulée de sa visite à Moscou et de sa participation au
sommet du G8 en Italie. Il s'agit de sa première venue en Afrique
en tant que président des Etats-Unis.
Né lui-même d'un père kényan, le président américain a rencontré
son homologue ghanéen John Atta-Mills au palais présidentiel
d'Accra. Cette bâtisse fut jadis le quartier général des
trafiquants européens d'esclaves.
Le choix du Ghana
Le Ghana fait figure d'exception dans une Afrique dont l'image à
l'extérieur est synonyme de guerres, de pauvreté et de corruption.
Le président du pays a été démocratiquement réélu en janvier
dernier. "Nous estimons que le Ghana peut être un extraordinaire
exemple de succès pour l'ensemble du continent", a dit Barack
Obama. "Nous apprécions les signaux positifs que cette visite
envoie et continuera à envoyer. Cela nous encourage aussi à
consolider les acquis que nous avons réalisés dans notre processus
démocratique", lui a répondu le président Mills.
La venue de Barack Obama a suscité beaucoup de ferveur. Des
centaines de personnes s'étaient massées à l'aube autour du palais
présidentiel à Accra, pour tenter de l'apercevoir. Samedi
après-midi, après avoir visité un hôpital spécialisé dans la lutte
contre le paludisme et soutenu financièrement par les Etats-Unis,
Barack Obama et son épouse Michelle, se sont rendus au fort
esclavagiste de Cape Coast (lire ci-contre). Ce
fort servait autrefois de plaque tournante du trafic
transatlantique d'esclaves.
afp/hof
Visite symbolique au fort de Cape Coast
Le président américain Barack Obama, accompagné de sa famille, a visité samedi le fort esclavagiste de Cape Coast, plongeant dans le passé douloureux de l'Afrique juste après son discours au parlement ghanéen sur l'avenir du continent.
Accompagné de Michelle et de leurs deux filles Malia et Sasha, Barack Obama, fils d'un immigré kényan, et son épouse, lointaine descendante d'esclaves, ont parcouru les cachots et donjons du fort tourné vers la mer et qui fut un haut-lieu de la traite négrière dans l'ancienne Gold Coast, le Ghana actuel, vers l'Europe, l'Amérique et les Caraïbes.
"Ce fut une expérience émouvante dans un lieu d'une profonde tristesse", a déclaré Barack Obama, rappelant aussi que c'est ici que "le voyage de tant d'afro-américains a commencé".
Saluant "le courage de tant de gens, blancs et noirs, pour abolir l'esclavage", le président a estimé qu'"aussi triste l'Histoire puisse-t-elle être, il est toujours possible de la surmonter".
On a pu voir un Barack Obama attentif, visage fermé, écouter les explications de deux guides ghanéens qui leur ont fait visiter cette imposante bâtisse blanche du 17e siècle d'où des milliers d'Africains partirent pour le "voyage sans retour". Patiemment restauré, ce fort est avec celui d'Elmina le plus important du Ghana et est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.