Près de deux millions de manifestants vêtus de noir ont défilé dimanche, selon les organisateurs, pour demander la démission de la cheffe de l'exécutif Carrie Lam et le retrait de son projet de loi, désormais suspendu, visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. "La mobilisation a été très forte, ça représente plus que quelques segments de la société comme les étudiants et les démocrates", commente dans le 19h30 Frédéric Koller, journaliste au Temps. "C'est un mouvement plus large qui transcende toute la société."
A Hong Kong, près de 2 millions de manifestants, selon les organisateurs
En ébullition depuis plusieurs mois du fait de ce projet, l'ex-colonie britannique a été le théâtre ces deux derniers dimanches de manifestations d'une ampleur record, et d'un rassemblement non autorisé mercredi qui a entraîné la plus violente répression policière depuis la rétrocession en 1997.
"La résistance des habitants de Hong Kong se nourrit de l’espoir qu’il y aura un changement dans le régime de Pékin", analyse encore Frédéric Koller. "Leur résistance durera jusqu’à la date de l’intégration complète en 2047. Leur refus d’être surveillé via les technologies de géolocalisation ou de messagerie est aussi une marque de cette résistance."
Le "retour" de Joshua Wong
Alors âgé de 17 ans, Joshua Wong fut en 2014 une des figures de proue du "Mouvement des Parapluies" qui avait bloqué le coeur financier de la ville pendant des semaines pour demander le suffrage universel. Il n'a pas attendu longtemps lundi après sa sortie de prison pour ajouter sa voix au concert de critiques contre la cheffe de l'exécutif pro-Pékin.
"Elle n'est plus qualifiée pour être la dirigeante de Hong Kong", a-t-il déclaré aux journalistes rassemblés à l'extérieur de sa prison. "Elle doit assumer ses responsabilités et démissionner."
Incarcéré en mai pour des faits en lien avec le "Mouvement des Parapluies", il était éligible à une libération anticipée pour bonne conduite. "Après avoir quitté la prison, je vais également me battre avec tous les Hongkongais contre la loi maléfique sur l'extradition vers la Chine", a-t-il dit.
afp/ebz
Un projet de loi très controversé
Selon ses détracteurs, le projet de loi placerait la population à la merci du système judiciaire de Chine continentale, opaque et sous influence du Parti communiste. Les milieux d'affaires craignent que la réforme nuise à l'image internationale et l'attractivité du centre financier.
Les énormes rassemblements des derniers jours ont aussi été une nouvelle manifestation de la défiance populaire contre leurs dirigeants. Voilà des années que de nombreux Hongkongais dénoncent une ingérence grandissante de Pékin, en violation du principe "Un pays, deux systèmes" qui garantit à Hong Kong, en théorie jusqu'en 2047, une semi-autonomie et des libertés inexistantes ailleurs en Chine.