Au cours du week-end, un homme de 45 ans a été arrêté dans cette enquête sur le meurtre par balle de Walter Lübcke (65 ans), membre du parti démocrate-chrétien CDU. L'élu a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison à Wolfhagen, dans la banlieue de Kassel (centre du pays).
L'arrestation a été menée sur la base de traces ADN retrouvées sur les vêtements de la victime. Après avoir exploré la piste privée, les enquêteurs se penchent désormais sur celle d'un mobile politique. Le parquet fédéral de Karlsruhe, compétent en matière terroriste ou de crime organisé, a annoncé lundi avoir pris la direction des investigations.
Suspect d'extrême droite
En 2009, le suspect avait été interpellé avec quelque 400 autres militants néonazis pour s'être attaqué le 1er mai à Dortmund (ouest) à un rassemblement de la Fédération allemande des syndicats (DBG), a indiqué lundi l'hebdomadaire Der Spiegel sur son site. Il avait écopé de sept mois de prison pour violation de la paix. Il serait connu des services de police pour d'autres faits de violence ou de détention d'armes.
Plusieurs partis ont demandé la tenue d'une session spéciale d'une commission au parlement fédéral pour savoir si l'extrême droite est bien liée à ce meurtre.
Spectre des dérives terroristes
Si le mobile politique devait être confirmé, il s'agirait du premier meurtre de cette nature depuis les attentats de la Fraction armée rouge à partir des années 1970. En 1981, ce groupe d'extrême gauche avait tué un ministre régional de l'Economie, membre du parti libéral FDP.
Il s'agirait aussi du premier homicide d'un élu motivé par des idées radicales de droite depuis le Second conflit mondial. En Grande-Bretagne, une députée travailliste avait été mortellement poignardée en 2016 par un sympathisant d'extrême droite.
afp/ani
Menacé de mort en 2015
Walter Lübcke avait dirigé pendant 10 ans une autorité administrative intermédiaire entre le Land de Hesse et ses communes. Il a aussi été député au parlement de Hesse.
En octobre 2015, après la décision d'Angela Merkel d'ouvrir les frontières à plusieurs centaines de milliers d'Irakiens et Syriens, l'élu avait défendu les droits des réfugiés, s'attirant les foudres de l'extrême droite et des menaces de mort.
Les hommages et articles consacrés à son décès ont suscité sur les réseaux sociaux une avalanche de commentaires, dont de nombreux saluant ce meurtre.