Mohamed Morsi, issu du mouvement islamiste des Frères musulmans, était devenu en 2012 le premier président librement élu de l'histoire de l'Egypte, un an après la "révolution du Nil" et la chute de son prédécesseur Hosni Moubarak.
Il avait été renversé par l'armée en 2013 après de grandes manifestations contre son pouvoir. Le chef de l'armée, le maréchal Abdel Fattah el Sissi, s'est par la suite fait élire président.
En détention depuis 2013
Mohamed Morsi purgeait plusieurs peines de prison, dont une de 20 ans pour avoir ordonné le meurtre de manifestants en 2012 et une à la perpétuité pour espionnage au profit du Qatar, avec lequel il aurait partagé des documents confidentiels. Il comparaissait lundi dans une autre affaire d'espionnage en raison de contacts jugés suspects avec le Hamas palestinien.
Selon des sources sécuritaires et judiciaires, l'ancien chef d'Etat a parlé lundi 20 minutes devant le juge avant de s'effondrer, puis d'être emmené à l'hôpital où il est décédé.
Réaction des ONG
Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a demandé aux autorités une "enquête immédiate" sur la mort de Mohamed Morsi, qualifiée de "profondément choquante".
L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a également réagi. Sa directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson a dénoncé sur Twitter "l'échec du gouvernement à lui accorder des soins médicaux adéquats, encore moins des visites de sa famille".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rendu hommage à Mohamed Morsi, dont il était l'un des principaux soutiens. "Que Dieu accorde à notre martyr, notre frère Morsi, sa miséricorde", a-t-il déclaré lundi à un groupe de journalistes. Les Frères musulmans ont de leur côté accusé les autorités égyptiennes de "meurtre à petit feu" de Mohamed Morsi. Dans un communiqué, la confrérie a dénoncé les mauvaises conditions de détention de l'ancien président.
reuters/ani
Conditions de détention dénoncées en 2018
Le décès de Mohamed Morsi doit faire l'objet d'une "enquête internationale indépendante", a estimé mardi un député conservateur britannique, Crispin Blunt. Celui-ci avait dirigé une commission indépendante sur les conditions de détention de l'ancien président égyptien. "Le gouvernement égyptien a le devoir d'expliquer sa mort malheureuse", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Lors de la présentation en mars 2018 d'un rapport de la commission qu'il présidait, Crispin Blunt avait notamment souligné que le "refus d'un traitement médical de base" auquel Mohamed Morsi avait droit "pourrait entraîner sa mort prématurée".
Le rapport affirmait également que l'ancien président, qui avait des antécédents de diabète et d'insuffisance rénale, était maintenu à l'isolement 23 heures par jour dans des conditions de détention susceptibles de relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant.