Des soles, des seiches, des crustacés et du plastique. Beaucoup de plastique. Chaque jour, à San Benedetto del Tronto, à 87 kilomètres au sud d'Ancône, Carlo Governatori ramène entre 10 et 15 kilos de déchets dans ses filets.
Le pêcheur - 43 ans de mer à son actif - participe à un programme pilote pour recueillir et analyser les objets qui s'accumulent au fond de la mer, avec une quarantaine de collègues. En une semaine, les chalutiers ramassent jusqu'à une tonne de déchets largement produits par les activités récréatives et touristiques ainsi que par la pêche professionnelle.
Adapter la loi
Pourtant, en théorie, ce groupe de pêcheurs n'est même pas autorisé à ramener ces ordures jusqu'à ce port. Ils pourraient même être accusés de transport illicite de déchets.
"Nous devons modifier les lois pour que chaque pêcheur dans ce pays et, j'espère, dans toute l'Europe, puisse faire la même chose. Nous devons nous servir d'eux. Ils sont volontaires pour le faire, il faut leur faciliter la tâche", insiste Fernanda De Donno, cheffe de projet pour Clean Sea Life, qui vise à accroître l'attention du public sur la quantité de déchets présents en mer.
Engagement citoyen
Le projet Clean Sea Life, cofinancé par l'Union européenne, compte 300'000 personnes en Italie. Au moins 20'000 d'entre elles ont signé un manifeste dans lequel elles s'engagent à adopter un comportement plus respectueux et à contribuer au nettoyage des côtes et des fonds sous-marins.
C'est ainsi que plusieurs fois par semaine, l'écologiste Sisto Bruni se porte volontaire pour nettoyer la zone. "Du grand au petit, il y a de tout. Systématiquement, le jour d'après, on retrouve d'autres objets: macro-plastiques, micro-plastiques, polyuréthane, polystyrène", commente mardi le président de la section locale de la Legambiente dans le 19h30.
Pollution record
Dans ce port des Marches, comme ailleurs en Italie, pêcheurs, plongeurs, baigneurs et citoyens sont mobilisés contre la pollution dans la région. Selon un rapport du WWF publié début juin, 600'000 tonnes de plastique finissent dans la Méditerranée chaque année, avec des effets néfastes pour l'environnement et pour l'économie.
Clean Sea Life rappelle, par exemple, que le nettoyage des côtes coûte 630 millions d'euros par an. Quant au WWF, qui a publié l'étude, il signale le risque pour les emplois et ressources.
Si elle contient moins de 1% de l'eau de la planète, la grande bleue présente l'un des niveaux de pollution les plus élevés au monde. Elle est même, selon le WWF, quatre fois plus polluée que le 7e continent de plastique dans le Pacifique.
Article web: Juliette Galeazzi
Reportage TV: Tristan Dessert