La Cour de cassation a rejeté mardi les derniers recours formés par l'ex-président français, son avocat Thierry Herzog et l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert, qui cherchaient à éviter un procès pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". Selon une source proche du dossier et l'un des avocats de la défense, ce rejet valide définitivement la tenue du procès, qui devrait se tenir à Paris dans les prochains mois.
C'est la première fois sous la Ve République française, instaurée en 1958, qu'un ancien président sera jugé pour corruption. Retraité politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016, Nicolas Sarzozy est soupçonné d'avoir tenté d'obtenir de l'ancien avocat général à la Cour de cassation Gilbert Azibert des informations confidentielles sur une affaire le concernant, en échange d'un coup de pouce pour la nomination de ce dernier à Monaco.
Découverte par hasard
Cette affaire a émergé en septembre 2013, lorsque la justice a fait placer sur écoute deux téléphones utilisés par Nicolas Sarkozy dans le cadre d'une autre enquête, celle sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007. Les enquêteurs étaient alors tombés sur des conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog. Ils s'étaient aperçus que les deux hommes étaient étrangement bien renseignés sur une procédure devant la Cour de cassation dans un troisième dossier visant Nicolas Sarkozy, celui portant sur les soupçons d'abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt, pour laquelle il a finalement bénéficié d'un non-lieu.
Les deux hommes communiquaient via des téléphones portables acquis sous une fausse identité, notamment celle de "Paul Bismuth" pour l'ex-président français.
Ecoutes téléphoniques dénoncées par la défense
Par la voix de l'une de ses avocates, la défense de Nicolas Sarkozy, de son côté, a fait valoir dans un communiqué que la Cour de cassation n'avait pas écarté les moyens de droit soulevés par la défense, mais laissé au tribunal le soin de les trancher.
"Ces questions restent donc d’actualité, notamment celle relative à l’interdiction faite par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) d'utiliser contre un justiciable des retranscriptions d’écoutes téléphoniques avec son avocat. Lorsqu'il sera saisi, il appartiendra au tribunal de dire si une juridiction française peut s’affranchir d’une décision de la CEDH", a déclaré l'avocate.
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agences/Vincent Cherpillod