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La tension entre l'Iran et les Etats-Unis est "inquiétante et risquée"

Ron Prosor, ancien ambassadeur israélien à l'ONU. [JASON SZENES]
Crise dans le Golfe persique: l'analyse de l'ancien ambassadeur d'Israël à l'ONU / Tout un monde / 11 min. / le 21 juin 2019
Alors que la tension entre l'Iran et les Etats-Unis s'intensifie, faisant craindre un conflit ouvert au Moyen-Orient, la RTS a rencontré Ron Prosor, ancien ambassadeur d'Israël aux Nations unies, qui parle d'une situation "inquiétante".

Alors que Washington et Téhéran se rejettent la responsabilité d'un accrochage à propos d'un drone américain abattu sur le territoire iranien, Israël suit avec une attention particulière les événéments.

>> Lire : L'Iran affirme avoir abattu un drone américain sur son territoire

Pour Ron Prosor, ambassadeur d'Israël aux Nations unies de 2011 à 2015, interrogé dans l'émission Tout un monde, cette tension croissante est "inquiétante et risquée". Mais "les Iraniens ne se livrent généralement pas à une confrontation directe, ils agissent par le biais de mandataires comme les Houtis au Yémen ou le Hezbollah au Liban".

Les tensions entre les deux pays ont repris lorsque Donald Trump a dénoncé l'accord sur le nucléaire, mais cet accord "n'a pas changé la façon dont le régime iranien fonctionne dans la région", a précisé l'ancien diplomate. "Au moment où l'accord a été conclu, nous pensions que cela allait être différent, que d'autres personnalités seraient élues au Parlement iranien. Ce n'est pas ce qui s'est passé".

Opérations militaires à craindre

De plus, "je crois que l'idée d'un changement de régime venant de l'extérieur n'a pas un bilan très convaincant. Les choses doivent venir de l'intérieur. Il y a beaucoup de mécontentement de la part d'une grande partie de la population iranienne face au régime des ayatollah. C'est une société très diversifiée et sous le voile, les critiques sont nombreuses à l'égard du régime", a relevé Ron Prosor.

Cette crise pourrait-elle déboucher sur des opérations militaires? "Au Moyen-Orient, il faut le craindre, mais il faut que cette option soit sur la table. Il y a toutefois beaucoup de choses qu'on peut faire avant d'en arriver là", a encore déclaré le diplomate.

Propos recueillis par Patrick Chaboudez/lan

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Israël et l'ONU

Israël a toujours eu de relations complexes avec l'ONU, mais à leur création, les Nations unies avaient 52 États membres, contre 193 aujourd'hui, a rappelé Ron Prosor.

"Sur ce nombre, 87 seulement sont des démocraties. En raison des 22 pays de la Ligue arabe et des 56 pays de l'Organisation des pays islamiques, vous avez essentiellement un organe qui vote par bloc contre Israël dans un biais structurel et institutionnel", a-t-il expliqué.

"De plus, et je n'arrive pas à le croire, à l'ONU, ce sont les Saoudiens qui président la Conférence sur la condition de la femme, alors que les Iraniens, il y a quelques années, étaient vice-présidents de la commission sur le contrôle des armements et de la non-prolifération".