"A en juger d'après les photos aériennes, il semble que nous sommes environ 250'000 ici. On verra combien de monde va encore arriver", a annoncé au début de la manifestation Mikulas Minar, le chef de l'ONG Million de moments pour la démocratie, à l'origine du rassemblement.
Ce rassemblement est sans doute le plus important dans ce pays depuis la chute du communisme en 1989. Les protestataires ont symboliquement envahi l'esplanade de Letna, lieu mémorable des manifestations géantes contre l'ex-régime totalitaire.
Des protestations depuis fin avril
"Babis, démission!", "J'ai honte de mon Premier ministre!", "Nous en avons assez!", pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants.
Ce rassemblement, sous les drapeaux tchèques et européens, a marqué le point culminant d'une série de protestations contre le Premier ministre. Les manifestations ont été organisées à Prague et dans d'autres villes du pays, depuis la fin avril.
Andrej Babis, fondateur du géant de l'agro-alimentaire Agrofert a été mis l'an dernier en examen dans une affaire de détournement présumé de deux millions d'euros de fonds européens.
En dépit de la contestation, le mouvement populiste ANO dirigé par le Premier ministre avait remporté les élections européennes de la fin mai.
Conflit d'intérêts
Andrej Babis se trouverait également en situation de conflit d'intérêts entre ses activités politiques et ses affaires, selon des projets de rapports d'audit de la Commission européenne dont des extraits ont été publiés par la presse de Prague.
Selon ces projets de rapports, le Premier ministre continue à tirer des bénéfices d'Agrofert dont il s'était formellement séparé en 2017 par le biais de fonds fiduciaires, contrôlés entre autres par son épouse.
Le Premier ministre nie avec véhémence se trouver dans une situation de conflit d'intérêts, qualifiant ces audits d'"attaque" contre son pays et épinglant des "erreurs" se trouvant selon lui dans ces textes.
La démission de sa ministre de la Justice, Marie Benesova, est également demandée. Elle est soupçonnée de vouloir freiner, voire stopper, les poursuites judiciaires à l'encontre du Premier ministre.
ats/sims