Mais dans le même temps, les autorités ont refusé d'autoriser à
l'opposition d'organiser une cérémonie de deuil à la mémoire des
personnes tuées dans les violences post-électorales qui ont fait 30
morts selon le député Farhad Tajari. Les autorités avaient jusque
là fait état de 20 morts (lire ci-contre).
D'ici dix jours
S'exprimant pour la première fois au sujet des arrestations des
protestataires contre sa victoire électorale le 12 juin, Mahmoud
Ahmadinejad a demandé dans une lettre au chef du pouvoir
judiciaire, Mahmoud Hachémi Chahroudi, de libérer d'ici au 7 août
les manifestants sur lesquels ne pèsent pas de graves
accusations.
"Dans la mesure où un laps de temps considérable s'est écoulé
depuis leur arrestation, nous nous attendons à ce que la situation
de tous les accusés soit examinée rapidement", a écrit le
président, selon la télévision d'Etat. Il demande à l'ayatollah
Chahroudi "de faire preuve du maximum de compassion au nom de
l'islam à l'égard de ceux qui parmi nos concitoyens se sont
retrouvés malgré eux sur cette voie (les protestations) et de les
libérer pour rendre leurs familles heureuses à l'occasion de
l'anniversaire de la naissance de l'imam Mahdi" qui tombe le 7
août.
Mahmoud Ahmadinejad a aussi accusé "des groupes politiques
intérieurs" d'avoir incité à ces manifestations de protestation
populaire sans précédent depuis la révolution islamique en 1979,
"avec le soutien et la propagande des ennemis étrangers".
Centre de détention bouclé
Son appel est survenu après l'annonce de la libération de 140
manifestants et l'ordre donné par le guide suprême Ali Khamenei de
fermer "un centre de détention qui ne respecte pas les normes
nécessaires en ce qui concerne les droits des (manifestants)
accusés". Environ 200 personnes sont toujours en détention. Les
autorités avaient fait état de 1000 à 2000 arrestations.
Parallèlement, le Parlement dominé par les conservateurs a déposé
en urgence une proposition de loi sur la transformation de quatre
vice-présidences en ministères, de crainte d'une concentration du
pouvoir aux mains de Mahmoud Ahmadinejad, lui-même un
ultraconservateur. Les ministres doivent obtenir la confiance des
députés, contrairement aux vice-présidents.
Le texte est consécutif au tollé provoqué dans le camp
conservateur par la nomination par Mahmoud Ahmadinejad d'Esfandiar
Rahim Mashaie premier vice-président. Le président a été contraint
de le démettre sur ordre de Ali Khamenei.
afp/mej
Cérémonie d'hommage pas autorisée
L'opposition n'a pour sa part pas obtenu l'autorisation d'organiser jeudi une cérémonie à Téhéran à la mémoire des victimes des manifestations.
"Aucune autorisation n'a été donnée à ces groupes et personnes qui enfreignent la loi, ne reconnaissent pas leur défaite et n'acceptent pas le vote de la majorité, mais qui n'en sollicitent pas moins une autorisation de rassemblement", a déclaré le directeur politique du ministère de l'Intérieur, Mahmoud Abbaszadeh Meshkini.
Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux candidats malheureux qui ont rejeté les résultats de la présidentielle en parlant de fraude, avaient indiqué que cette cérémonie marquerait "le 40e jour des tristes événements qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie".
Ils ne prévoyaient aucun discours, mais l'écoute silencieuse de versets du Coran, selon la demande d'autorisation.